Le président du Mexique Enrique Peña Nieto n’aurait pas tout écrit de sa thèse de 200 pages qu’il a présentée il y a 25 ans pour décrocher son diplôme d’avocat. Sur les 682 paragraphes du document, 197 auraient été purement recopiés, selon une enquête du site d’information Aristegui Noticias.
Dans sa thèse intitulée « Le présidentialisme mexicain et Álvaro Obregón », Enrique Peña Nieto aurait puisé, en reprenant mot pour mot certaines phrases, dans les livres d’une dizaine d’auteurs différents.
Il aurait ainsi plagié intégralement vingt paragraphes de l’ouvrage « Estudios de derecho constitucional » de l’ancien président mexicain Miguel de La Madrid Hurtado, publié en 1977. Dans sa thèse, Peña Nieto reprend aussi des textes de l’historien et essayiste Enrique Krauze. Ce dernier a qualifié le procédé « d'inadmissible et d'irresponsable » sur le site de sa revue littéraire Letras Libres.
Des « erreurs de style »
La présidence mexicaine rejette les allégations de plagiat. Selon son porte-parole, Eduardo Sanchez, il s’agit plutôt « d’erreurs de style telles que des citations sans guillemets ou un manque de référence des auteurs dans la bibliographie ».
Dans un communiqué, l’Université panaméricaine de Mexico précise qu’elle « se charge d’étudier la question », ajoutant n’avoir jamais été consultée par les journalistes du site Aristegui Noticias. Pour la célèbre journaliste mexicaine Carmen Aristegui, qui a fondé le site éponyme et mené cette enquête intitulée « Peña Nieto, de plagiaire à président », il n’y a plus aucun doute.
Popularité au plus bas
Toutes les pages de la thèse d’Enrique Peña Nieto ont été scrutées à la loupe par un groupe d’experts et d’universitaires. Selon leurs calculs, les passages plagiés, une fois additionnés, totalisent très exactement 28,8 % de sa thèse.
En 2014, Carmen Aristegui avait révélé le scandale de « la maison blanche », une luxueuse villa achetée par l’épouse du président mexicain auprès d’une entreprise bénéficiaire de contrats publics. L'achat avait finalement été annulé, mais l'image du président en avait été sérieusement écornée, comme l'a reconnu lui-même Enrique Peña Nieto en juillet dernier, admettant son erreur et demandant pardon aux citoyens mexicains. Après ce scandale, Carmen Aristegui et son équipe d'investigation avaient été licenciés de la station de radio MVS qui les employait.
Cette nouvelle polémique vient donc encore écorcher l’image du président mexicain dont la popularité est au plus bas dans les sondages depuis son élection il y a quatre ans, avec seulement 23 % d'opinions positives.