Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Les couples Obama et Bush qui se tiennent par la main, et montrent des signes d’amitié et de réconfort, l’image est inhabituelle. C’était à Dallas mardi au cours de la cérémonie en hommage aux policiers tués lors de la manifestation de jeudi.
Barack Obama, souvent interrompu par des ovations debout, a prononcé un discours que les observateurs de tout bord ont jugé remarquable. Mais le président lui-même, après 10 cérémonies identiques depuis le début de son mandat, a exprimé sa lassitude.
« J’ai trop souvent pris la parole dans de telles cérémonies depuis mon élection. J’ai vu comment l’union sacrée peut vite se dissiper, submergée par la reprise des affaires courantes. J’ai vu l’inefficacité des mots pour insuffler un vrai changement. J’ai vu à quel point mes paroles ont été insuffisantes… »
Barack Obama a mis chacun devant ses responsabilités. Les policiers qui se laissent aller à la violence ou au racisme, les manifestants qui cherchent la confrontation, et les élus qui préfèrent éviter les problèmes trop compliqués à gérer, comme la circulation des armes.
« Les policiers méritent notre respect et pas notre mépris »
« Nous savons que la très grande majorité des policiers font un travail dur et dangereux avec justice. Ils méritent notre respect et pas notre mépris. Nous savons aussi que des siècles de discrimination ne se sont pas évaporés avec la signature d’une loi contre la ségrégation. Aucune institution n’est complètement épargnée, y compris la police.
Donc quand des Afro-américains de tous horizons, expriment à voix haute leur désespoir devant ce qu’ils pensent être un traitement biaisé (…) nous ne pouvons pas simplement ignorer ou traiter ceux qui manifestent d‘une manière pacifique de "fauteurs de troubles".
Notre société a submergé les communautés sous tant d’armes à feu, qu’il est plus facile pour un jeune de se procurer un pistolet qu’un ordinateur. Et ensuite nous feignons la surprise quand ça explose ! Si nous ne pouvons parler de ces problèmes, si nous ne pouvons pas en parler honnêtement, nous ne briserons jamais le cercle vicieux. »
Un discours très convaincant, un appel à la réconciliation entre communautés américaines, jusqu’à ce que « les affaires courantes » ne reprennent le dessus.
A (RE)LIRE → Etats-Unis: Barack Obama à Dallas dans un contexte difficile