Comment un homme interrogé deux fois par le FBI pour sa radicalisation supposée a-t-il pu acheter des armes et passer à l’acte ? Le renseignement américain avait convoqué Omar Mateen en 2013 pour des propos radicaux qu’il aurait tenus sur son lieu de travail, et un an plus tard pour ses liens avec un Américain qui avait rejoint le groupe Etat islamique. Mais aucune des deux enquêtes n’ayant débouché, l’homme a été laissé en liberté.
« Notre attention a été attirée en tout premier lieu en mai 2013, rappelle James Comey, le directeur du FBI. Il a fait des déclarations agressives et contradictoires sur le terrorisme, qui ont inquiété ses collègues de travail. Il a d'abord mis en avant des connexions familiales avec al-Qaïda. Il a aussi dit qu'il était un membre du Hezbollah, qui est une organisation terroriste chiite, ennemie jurée du groupe Etat islamique. Le FBI à Miami a ouvert une enquête. Pendant les dix mois qui ont suivi, nous avons tenté de savoir si c'était un terroriste. Au cours de notre enquête, des agents ont parlé avec lui d'une manière anonyme, ils ont enregistré ses conversations, ils l'ont suivi, inspecté ses factures de téléphone et il a été interrogé deux fois. Il a reconnu avoir fait les déclarations rapportées par ses collègues de travail, mais il a expliqué l'avoir fait sous le coup de la colère car il pensait que ses collègues faisaient de la discrimination à cause de sa religion musulmane. Après dix mois d'investigation, nous avons clos l'enquête préliminaire. »
Sans antécédents judiciaires, Omar Mateen a donc pu continuer à travailler dans une entreprise de sécurité et à disposer de deux licences, ce qui lui a permis d'acheter des armes quelques jours avant l’attaque.
Pour ce qui est des motivations du tueur, son père affirme qu’il ne s’agit pas d’une histoire de radicalisation religieuse, mais plus de haine des homosexuels : le meurtrier aurait été récemment choqué de voir deux gays s’embrassant devant lui dans une rue de Miami.
Mais le père, dans les vidéos qu'il poste régulièrement sur YouTube à propos de son pays d'origine, l'Afghanistan, soutient les talibans selon le Washington Post. Plus largement, l'ex-femme d'Omar Mateen parle d’un homme violent, colérique et même bipolaire.
La mairie d’Orlando a commencé à publier les noms des victimes. Reste à savoir si c'est bien Omar Mateen qui a abattu au moins 49 personnes et blessé 53 autres, ou s'il y a eu des victimes collatérales lors de l’intervention des policiers d’élite.
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Les armes d’assaut en vente libre
L'auteur de la tuerie d'Orlando a utilisé un fusil d'assaut en vente libre aux Etats-Unis, un pays où le commerce des armes est florissant. La semaine dernière Omar Mateen a tranquillement acheté un fusil d'assaut de type AR 15. Un acte banal aux Etats-Unis, où plus de trois millions d'exemplaires de cette arme redoutable, mise au point initialement pour les forces de l'ordre, seraient dispersés parmi les habitants.
De multiples variantes du célèbre fusil sont proposées aux civils depuis les années 1960, car le marché intérieur est un débouché naturel pour l'industrie américaine de l'armement. Cela représente un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 10 milliards de dollars.
La Constitution américaine qui reconnait le droit au port d'arme est propice à ce commerce prospère. Il est aussi soutenu par le lobby intense de la NRA. La National Rifle Association intervient prestement chaque fois qu'un Etat ou une autorité fédérale fait mine de vouloir contrôler les armes.
De moins en moins de foyers américains possèdent une arme chez eux, un sur trois aujourd'hui, contre 1 sur 2 il y a 40 ans. Mais comme les ventes d'armes continuent à progresser, cela laisse supposer que l'arsenal domestique est toujours plus concentré.