Lundi, la Commission indépendante d’évaluation et de vérification électorale en Haïti a recommandé l’annulation pure et simple du premier tour de l’élection présidentielle du 25 octobre 2015. Les fraudes et irrégularités étaient telles qu’elles dépassaient les votes valides ont estimé les membres de la Commission.
La communauté internationale n'a qu'à s'en prendre à elle-même, estime, en résumé, l'éditorialiste d'Alterpresse. « L'annulation de ces élections constitue une gifle pour la communauté internationale qui s'est toujours affichée contre la mise en place d'une commission pour vérifier les résultats des élections de 2015, émaillées de fraudes ».
Reprendre le premier tour de la présidentielle, certes, explique de son côté le Miami Herald. Mais que cela signifie-t-il exactement? « Les 54 candidats de l'an dernier vont-ils tous se représenter ? » s'interroge le quotidien de Floride. L’éditorialiste estime qu’il faut tout faire pour limiter l'accès des candidats au scrutin présidentiel afin d'éviter un nouveau chaos. « Voici notre proposition » avance le journal. « Pourquoi ne pas fixer une barre minimum sur les votes acquis au premier tour de la présidentielle de 2015 ? Avec un seuil d'au moins 3 % des voix » par exemple, le nombre de candidats passerait de 54 à 5.
Le rapport de la commission de vérification et d'évaluation a révélé l'étendue de la catastrophe électorale de 2015. Après la publication du document, plusieurs hauts fonctionnaires et anciens membres de gouvernements se sont vu interdire de quitter le territoire national.
Il s'agit des deux anciens Premier ministres Laurent Lamothe et Evans Paul, de onze de leurs anciens ministres ainsi que des 9 membres de l'ancien Conseil électoral provisoire, rapporte Le National. Selon les informations du journal « ces décisions découlent non seulement de l'enquête sur la gestion du Fond PetroCaribe, mais également du dossier des fraudes dont ont été émaillées les élections ». En ce qui concerne les membres de l'ancien CEP, le commissaire du gouvernement Jean Danton Léger indique « avoir recueilli un ensemble de plaintes contre ces anciens conseillers électoraux pour leur implication présumée dans des actes de corruption électorale ». Pourtant, aucun suivi n'a été donné à ces plaintes. « Face à cette situation, Maître Danton Léger dit s'inscrire en rupture avec cette pratique consistant en l'octroi d'une justice de deux poids deux mesures », conclut Le National.
Le Nouvelliste n'y croit pas: « Qui sont les coupables de la débâcle électorale du 25 octobre dernier ? Peut-on compter sur le système judiciaire pour continuer le travail de la Commission d’évaluation ? Il est plus facile de croire qu’on ne connaîtra jamais les coupables. Car, ici il n’y a jamais de coupable », fait remarquer Le Nouvelliste.
Venezuela : Maduro appelle la jeunesse à manifester contre l’OEA
Au Venezuela, la jeunesse chaviste doit descendre aujourd'hui dans la rue. Le président Nicolas Maduro l'a appelée à participer à une grande marche contre l'Organisation des Etats américains. Ce mardi, le secrétaire général de l'OEA, Luis Almargo, a invoqué la Charte démocratique interaméricaine. Un mécanisme lui permettant de convoquer une réunion d'urgence des 34 Etats membres pour évoquer ce qu'il qualifie de « grave crise institutionnelle » au Venezuela.
« La Charte démocratique est un recours très sensible non seulement parce que sa conséquence ultime est la suspension de l'OEA du pays en question, mais aussi parce jusqu'à présent elle n'a été invoquée qu'avec l'autorisation de l'Etat concerné, comme par exemple lors du coup d'Etat au Honduras en 2009 », rappelle le quotidien bolivien Opinion.
Pour que l'exclusion du Venezuela ou d'autres sanctions soient votées par l'OEA, il faut que deux tiers de ses 34 membres les approuvent. Il est vrai que le Venezuela est « de plus en plus isolé », constate l'éditorialiste du journal argentin Clarin qui poursuit : « Les changements politiques ont fait des anciens pays amis du Chavisme, comme l'Argentine ou le Brésil, de farouches opposants. Et si Maduro continue d'ignorer les décision de l'Assemblée nationale et ainsi de passer outre la Constitution, il donne à l'OEA des éléments pour agir ».
En Colombie, El Tiempo est bien moins optimiste. « Ne nous voilons pas la face : le Venezuela doit de l'argent à beaucoup de pays en raison de son manque de devises. N'oublions pas non plus que Caracas a soutenu de nombreux pays d'Amérique du Sud et des Caraïbes pendant de longues années ce qui rend un vote de leur part contre Maduro très improbable. Même le soutien des Colombiens à des sanctions n'est pas acquis. Ils ont besoin des Chavistes dans le processus de paix avec la guérilla marxiste des FARC », analyse le commentateur.
Face à ces doutes, bon nombre d'éditorialistes estiment pourtant que le moment est venu d'agir : « L'Amérique latine doit soutenir le peuple vénézuélien », écrit Contacto, un magazine latino-américain de Californie qui estime que « désormais, la crise vénézuélienne menace aussi le reste de la région ».
« Une réunion d'urgence de l'OEA, c'est bien la moindre des choses qu'on puisse faire face à l'effondrement de la démocratie vénézuélienne et face au danger d'une issue violente et sanglante à la crise qui secoue ce pays », conclut de son côté le journal La Prensa du Nicaragua.