avec notre correspondant, François Cardona et notre envoyé spécial, Achim Lippold
Quatre interventions par heure environ. Après 12h de débat, la moitié seulement des sénateurs s’étaient exprimés pour ce débat qualifié d'« historique » notamment par les sénateurs favorables à la destitution de Dilma Rousseff. Et ils sont nombreux. Pour lancer la procédure, il faut une majorité simple, donc 41 voix sur 81. Mais d’après des sources parlementaires, plus de 55 sénateurs pourraient finalement se ranger derrière la demande de destitution. Ce qui signifie que l’on dépasserait déjà le quorum des deux tiers nécessaires pour destituer définitivement la présidente lors d’un second vote prévu au Sénat dans quelques mois.
Quels sont les arguments de ses adversaires ? Pour résumer : Dilma Rousseff, en maquillant les comptes publics, s’est montrée fiscalement irresponsable et a plongé le pays dans un marasme économique. Scandales de corruption, crise économique, chômage, inflation record. Pour tout cela, Dilma Rousseff doit partir. « Il faut tourner la page ! », a ainsi lancé la sénatrice Marta Suplicy, ancienne membre du Parti des travailleurs et ancienne ministre de la Culture de Dilma Roussef, qu’elle a quittée pour rejoindre l’opposition.
Quelques voix se sont fait entendre cependant pour défendre la présidente. Ses partisans ont dénoncé – encore une fois – un coup d’Etat. Ils ont aussi relevé le fait que la majorité des sénateurs qui reproche à Dilma Rousseff une mauvaise gestion du pays ont des soucis avec la justice pour des affaires de corruption. Parmi ceux qui lui ont apporté leur soutien, la sénatrice Gleisi Hoffmann du Parti des travailleurs. « Nous allons chercher le soutien de l’opinion
publique. Le soutien de l’opinion publique est très important quand il s’agit de faire pression sur les sénateurs. Certaines personnes commencent à changer d’avis. Ils étaient pour la destitution et à présent ils sont contre. Et cette évolution dans l’opinion publique va influencer les sénateurs, j’en suis sûre ! Nous aurons aussi plus te temps pour faire entendre nos arguments. Pour montrer que c’est un procès politique qui n’a aucune base juridique. C’est une tentative de se débarrasser d’un gouvernement en inventant des charges qui n’existent pas dans la Constitution ». Autre sénateur du PT, Jorge Viana, a accusé l’opposition de procéder à une élection indirecte, dont le Brésiliens étaient les grands exclus... « Nous sommes face à une anarchie institutionnelle » a-t-il martelé.
La suite de la procédure réglée comme un ballet
A la fin de la session, une fois votée l’ouverture de la procédure contre Dilma Rousseff, la présidente doit immédiatement quitter le palais présidentiel. Son départ est prévu dans la matinée, elle sera accompagnée par ses ministres et l’ancien président Lula. Les militants du parti des travailleurs seront également au rendez-vous. Ensemble, ils doivent marcher 4 kilomètres jusqu’au palais de l’Aurore, la résidence officielle des présidents. C’est là où Dilma Rousseff attendra l’issue de la procédure de destitution.
Avant de quitter le palais présidentiel, elle doit s’adresser à la presse. Une vidéo que la présidente a enregistrée mardi soir, avant le vote au Sénat, sera ensuite postée sur les réseaux sociaux. D'après un sénateur proche de Dilma Rousseff, la présidente n'a pas l'intention de faciliter la transition pour celui qui assumera désormais ses fonctions. Michel Temer, le vice-président est déjà dans les startings-blocks. Il devrait annoncer ce jeudi dans l'après-midi la composition de son gouvernement. La plupart des portefeuilles sont déjà connus. C’est un cabinet plus restreint qui aura comme principal objectif de redresser l’économie.