De notre correspondante à Buenos Aires,
« Booktubeur » vient de « book », livre en anglais, et de « Youtube », la plateforme de vidéos en ligne. Le booktubeur est une nouvelle manière de faire la critique d'un livre, mais de façon un peu plus dynamique, soit en vidéo. Le terme booktubeurs désigne justement ces chroniqueurs amateurs. De vrais passionnés de lecture, qui sont aussi en phase avec internet et les réseaux sociaux.
Ils publient sur leur compte Youtube de petites vidéos, jamais plus de dix minutes, où ils parlent librement de leurs derniers coups de cœur ou de leurs déceptions littéraires.
Les booktubeurs sont jeunes, 20 ans en moyenne, ils parlent donc plutôt de littérature pour ados ou jeunes adultes : par exemple les sagas comme Divergente ou Labyrinthe, mais aussi les livres de J.K. Rowling ou de John Green.
Les jeunes lisent encore
Phénomène mondial, il prend particulièrement bien Espagne et en Amérique latine. En Argentine, il y a ainsi une dizaine de booktubeurs célèbres. Matias G.B , Macarena Yannelli, ou encore Sofia... Ils ont tous moins de 25 ans, et chacun a au moins 15 000 abonnés sur Youtube.
Les booktubeurs sont d'ailleurs un joli contre-exemple à l'idée reçue que les jeunes ne lisent pas de livres. C'est d'ailleurs là l'ambition du Salon du Livre de Buenos Aires : consacrer un week-end entier aux jeunes et prouver que ces derniers ont encore de l'intérêt pour la lecture et le livre de papier. Le Salon organise ainsi le premier débat international entre des booktubeurs venus de toute l'Amérique latine : du Chili, du Pérou, de Colombie, et d’Argentine évidemment. Un prix du meilleur booktubeur de l'année sera d'ailleurs décerné à cette occasion.
Pas des professionnels
Cependant, de là à dire que les booktubeurs inciteraient les jeunes à lire davantage, c'est peut-être excessif. Ils s'adressent sans doute à une petite communauté qui lit déjà beaucoup. Mais ce qui est intéressant, c'est de les voir appréhender de façon moderne la lecture. Ces petites vidéos, courtes et dynamiques, font un peu penser à celles des youtubeuses mode ou beauté, qui donnent des conseils maquillages... sauf que là, on ne parle pas de fard à paupières mais de livres.
Le phénomène intéresse forcément les maisons d'édition, très attentives aux critiques des booktubeurs. Avec des dizaines de milliers de vues par vidéo, leur influence est incontestable. Certaines n’hésitent donc pas à envoyer aux booktubeurs des exemplaires de nouveautés avant même leur sortie. Ça leur fait de la publicité, et ça leur permet d'avoir un retour sur le livre. Retour pas seulement du booktubeur d'ailleurs, mais de toute une communauté d'internautes, puisque bien souvent, le débat s’engage dans les commentaires sous la vidéo. Certaines maisons d'édition rémunèrent même les booktubeurs pour leurs services, pratique qui reste toutefois marginale. Les booktubeurs ne prétendent pas être des critiques littéraires professionnels. Et ils préfèrent, pour la majorité d'entre eux, garder leur objectivité.