Moins d’un mois après la visite pour le moins historique d’un président américain à La Havane, la capitale cubaine va connaître un nouvel évènement qui pourrait à son tour avoir une incidence sur l’avenir de cette République.
Le 7e Congrès du parti communiste cubain, qui doit durer trois jours, sera marqué par le rapprochement entamé avec les États-Unis, mais pas forcément pour approfondir les liens avec cet ancien ennemi. Il s’agira plutôt de trouver les moyens de faire durer un système politique à parti unique et un modèle économique qui semblent pourtant à bout de souffle.
L’heure est grave. Raul Castro, qui va prochainement fêter ses 85 ans, doit trouver un dauphin. S’il compte bien quitter son poste de président des Conseils d'État et des ministres, c’est-à-dire de chef d’État, en 2018, il ne compte pas pour autant lâcher les rênes du Parti communiste cubain. Pas encore.
« L’enjeu est assez simple : c’est la survie du régime, explique Vincent Bloch, chercheur associé au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond-Aron de l’École des hautes études en sciences sociales. Les hauts dirigeants, Raul Castro le premier, savent qu’ils ne seront pas au pouvoir encore très longtemps et il s’agit d’assurer la continuité du régime sans abandonner ses fondements, qui sont l’unité absolue du corps politique, le refus des divisions et le contrôle de l’État sur l’économie, même si la tolérance d’un secteur économique privé semble maintenant irréversible. »
Le fils de Raul Castro, Alejandro Castro Espin, âgé de 50 ans, fait partie des favoris pour occuper le poste de numéro deux du parti. Il coordonne actuellement le renseignement et le contre-renseignement des ministères de l’Intérieur et de la Défense.
D’autres sujets seront bien entendu au programme, notamment des réformes économiques qui doivent confirmer l’orientation prise ces dernières années. Pour Vincent Bloch, le défi pour le Parti communiste cubain sera notamment de continuer à encadrer le rôle de la diaspora cubaine sur l’île : « Il s’agira de maintenir les restrictions qui pèsent sur la relation entre les Cubains de l’île et les Cubains émigrés. La relation ne doit pas s’accompagner de revendications politiques majeures de la part des Cubains restant sur l’île. De plus, l’État veut conserver les rênes de l’économie et simplement laisser une place très contrôlée et très restreinte à l’initiative privée ».
Aucune annonce importante n’est attendue à l’issue de ce Congrès très secret. Un manque de transparence qui reste décidément la marque de fabrique du Parti communiste cubain.