Argentine: Lázaro Báez arrêté, l'étau se resserre sur les Kirchner

En Argentine, un puissant homme d’affaires, Lázaro Báez, très proche de l’ancienne présidente Cristina Kirchner, a été arrêté. La justice l’accuse de blanchiment d’argent et les médias le présentent comme un associé, voire un prête-nom de la famille Kirchner. Pour beaucoup, ce serait le début d’une offensive de la justice décidée à traiter les affaires de corruption des douze années où Néstor et Cristina Kircher ont été au pouvoir.

De notre correspondant à Buenos Aires,

Beaucoup d’Argentins souhaiteraient une opération mani pulite et reprennent espoir avec la détention de Lázaro Báez. Dans un pays habitué à l’impunité dans les cas de corruption les plus flagrants, qu’un homme aussi puissant ait été arrêté est le signe d’un changement. Báez était un obscur employé de banque quand les Kirchner ont commencé leur carrière politique. Entré dans l’administration de la province de Santa Cruz quand Néstor Kirchner en devient gouverneur, il crée une entreprise de travaux publics en 2003, quelques jours avant que ce dernier accède à la présidence.

Des travaux surfacturés et souvent non terminés

Ensuite, et jusqu’en 2015, c’est-à-dire la fin du mandat de Cristina Kirchner, sa société, Austral Construcciones, devient un des plus gros bénéficiaires des contrats de l’État pour la construction de routes. Il encaisse la totalité des budgets pour des travaux surfacturés et souvent non terminés. Selon des investigations journalistiques publiées ces dernières années, une grande partie de ce pactole était ensuite reversée aux Kirchner. La justice a eu connaissance de flux d’argent suspects, où est notamment impliquée une société financière liée à Báez. Des vidéos vues à la télévision, montrent des mouvements de millions de dollars en espèces, en toute illégalité. C’est pourquoi, pour l’instant, Lázaro Báez est accusé de blanchiment d’argent.

Tous les chemins mènent aux Kirchner

Báez est inculpé dans trois autres affaires, dont une pour des fausses factures entre son entreprise et un hôtel appartenant aux Kirchner dans un site touristique de la Patagonie. Dans la comptabilité des deux sociétés, il apparaîtrait que pratiquement tous les employés de Báez, même ceux résidant et travaillant à des milliers de kilomètres, y passaient plusieurs jours par an, ce qui est évidemment faux. Tous les chemins mènent aux Kirchner, à Néstor, Cristina et leur fils Máximo, qui apparaît dans les différentes sociétés du groupe familial. Ajoutons que les Kirchner sont aussi officiellement associés aux Báez dans plusieurs investissements immobiliers. Tout cela est connu depuis des années.

L'opinion publique attend beaucoup de la justice argentine

La justice prend son temps. Et sous les présidences des Kirchner, il y a eu des pressions sur les magistrats. Les procureurs étaient souvent empêchés de faire leur travail par la procureure générale, qui dépend de l’exécutif. Maintenant que le gouvernement a changé, ils sont plus libres d’agir. Dans le passé, en cas d’alternance, on a vu des instructions avancer, mais tellement lentement, que cela ne débouchait sur rien. Le fait nouveau, cette fois-ci, c’est qu’il y a une forte attente de l’opinion publique. Quelques jours avant Báez, un ancien ministre avait été arrêté. Si le mouvement continue, il y en aura d’autres. C’est tout un système de complicités entre l’État et des hommes d’affaires amis alimentant la corruption qui pourrait être dévoilé et condamné.

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