Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Donald Trump peut-il encore être battu lors des primaires républicaines ? Plus le temps passe et plus l'establishment perd espoir. Le parti républicain n'a pas ménagé ses efforts pour tenter d'abattre ce candidat iconoclaste qui fait campagne contre les élus - « des menteurs à de rares exceptions » -, et qui rassemble les déçus de la politique.
Les leaders conservateurs du Congrès agissent ainsi en coulisse sans succès pour tenter de saboter la candidature de ce dernier. Mais ils n'ont pas su rassembler derrière un programme, ni un candidat du sérail. Ils étaient plus occupés à tenter de bloquer Trump qu'à écouter un électorat excédé et séduit par les thèses populistes du milliardaire.
« C'est un parti en guerre contre lui-même »
D'après Allan Lichtman, professeur d'histoire politique à l'American university à Washington, le phénomène Trump est le résultat de ces tensions internes : « C'est un parti en guerre contre lui-même. Vous avez des conservateurs sur les sujets de société, profondément anti- immigration. Mais ce n'est pas ce que les conservateurs du secteur économique pensent, car ils sont conscients de l'importance de l'immigration pour les affaires ! Ce sont des différences stratégiques et idéologiques cruciales au sein du parti. »
Les conservateurs n'ont pas compris la colère des électeurs. Le parti a même réussi à se diviser dans ses tentatives de contrer Donald Trump, alors que certains élus ont déjà fait allégeance à celui qui sera certainement le candidat.
Aujourd'hui, le milliardaire espère rendre sa nomination inévitable, sans se gêner pour critiquer ouvertement le parti qu'il est censé représenter.
« Les républicains sont en difficulté. Parce que les faits sont là, quand j'aurai gagné la Pennsylvanie ou l'Ohio, ils auront la carte sous les yeux. S'ils perdent un Etat de plus, c'est fini pour eux, alors que si je gagne dans un seul Etat comme New York ou le Michigan c'est terminé, ils ne pourront plus rien faire », affirme Donald Trump.
Le « Super Tuesday », un moment crucial
Si le milliardaire parvient à consolider son avance durant ce « Super Tuesday », il sera très difficile pour le parti républicain de l'arrêter avant la convention de juillet. En effet, 595 délégués républicains, soit 25 % du nombre total, sont élus sur la seule journée de ce 1er mars. Les candidats républicains ont besoin du vote en leur faveur de 1 237 délégués pour remporter l'investiture du parti.
Si 35 % des républicains affirment qu'ils ne voteront jamais pour Donald Trump, le milliardaire n'en a cure. Ses partisans sont bien souvent des électeurs qui ne s'étaient jamais déplacés auparavant.
■ Le « Super Tuesday » expliqué par Vincent Michelot (Sciences Po Lyon)
C'est une journée cruciale dans la course aux investitures pour la présidentielle américaine. Treize Etats sont appelés à voter dans le cadre du « Super Tuesday ». Douze côté démocrate et onze côté républicain. Donald Trump est donné favori chez les conservateurs et Hillary Clinton côté démocrate. Mais qu’est-ce que ce « Super Tuesday » ? A quand remonte cette tradition et quel est son poids dans les primaires américaines ? Romain Lemaresquier a interviewé Vincent Michelot, professeur à Sciences Po Lyon d’Histoire politique des Etats-Unis.