Des fidèles à perte de vue, 300 000 au moins, évoque notre envoyé spécial à Mexico, Antoine-Marie Izoard, pour assister à la messe de « Papa Francisco » sur un grand terrain d'Ecatepec, ville-dortoir située au nord de Mexico. Une ville de 1,5 million d'habitants, rongée par la violence, tristement connue pour le nombre de ses féminicides.
Une foule enthousiaste a accueilli le pape François qui a célébré la messe depuis un gigantesque podium. Dans son homélie, le pape a fustigé « les hommes souvent aveugles et insensibles à la dignité de leurs congénères ».
Un peu plus tard, il a exhorté les catholiques mexicains à être en première ligne dans la lutte contre les inégalités. Il a souhaité qu'émigrer ne soit plus la seule solution, ou encore que la richesse de quelques-uns ne se construise pas sur la pauvreté du plus grand nombre.
Puis le chef de l'Eglise a pointé du doigt les souffrances infligées par les « trafiquants de la mort ». Des propos qui ne sont pas passés inaperçus dans une ville où s'affrontent les cartels de la drogue, et dans un pays où trafics et violence n'épargnent pas non plus les migrants, qui tentent de rejoindre le nord du continent.
Changer la réalité
A partir de là, indique notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe, le souverain pontife a demandé instamment aux Mexicains de mettre tout en œuvre pour changer cette réalité et faire de leur pays une terre d’opportunités : « Une terre où il ne sera pas nécessaire d’émigrer pour rêver, où il ne sera pas nécessaire d’être exploité pour travailler, où il ne sera pas nécessaire de faire du désespoir et la pauvreté de beaucoup de gens l’opportunisme de quelques-uns. »
Mais ce dont le pape n’a pas parlé expressément, c’est de la violence qui affecte les femmes dans tout le pays. Plus particulièrement à Ecatepec, qu’il avait pourtant choisie parce qu’emblématique des problèmes du Mexique. Cette municipalité, marquée par la pauvreté et la violence, enregistre en effet le nombre de féminicides le plus élevé du pays. Durant les trois dernières années, plus de 170 femmes y ont été assassinées. Une réalité tragique que le pape n’a pourtant pas cru bon de mentionner lors de son passage à Ecatepec.