Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
Constitutionnaliste, suivant le document fondateur à la lettre, en désaccord quasi constant avec ses collègues progressistes, « Nino » comme on l'appelait, fils d'immigrants italiens, père de neuf enfants, était néanmoins très respecté et sa personnalité chaleureuse, son sens de l'humour, lui avaient acquis de nombreux amis qui ne partageaient pas ses idées.
Un rapport de force modifié
Sa mort a déjà déclenché une bataille politique. Les républicains veulent nommer son successeur après la présidentielle du 8 novembre. Les démocrates, eux, veulent le remplacer dès maintenant, pendant qu'Obama est encore président. Cela leur permettrait en effet de choisir un juge plus à gauche, donnant à la Cour, actuellement divisée avec cinq sages penchant côté républicain, cinq côté démocrates, une majorité progressiste pour de nombreuses années. Les juges à la Cour suprême étant inamovibles.
Si un remplaçant n'est pas confirmé d'ici l'été, plusieurs décisions importantes, notamment sur l'immigration, risquent d'être bloquées, faute d'une majorité.
« Un revers massif pour le mouvement conservateur »
Dans un tweet, Donald Trump écrit à propos du décès d’Antonin Scalia : « Un revers massif pour le mouvement conservateur et pour notre pays ». « Un héros américain », surenchérit son rival Ted Cruz.
Quant à Barack Obama, il a salué un « homme remarquable », un « juriste brillant » qui a « consacré sa vie à la pierre angulaire de notre démocratie, l'Etat de droit ». Mais dans son allocution solennelle, le président américain a également indiqué son intention de désigner un successeur au juge Scalia. « Il est évident qu’aujourd’hui nous devons nous souvenir de son héritage : je prévois d’honorer mes responsabilites constitutionnelles en lui nommant un successeur au moment approprié », a-t-il déclaré. Même s'il a peu de chance d’obtenir la confirmation de la personne qu’il choisira tant que les républicains sont majoritaires au Sénat.