Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie-Capomaccio
Quatorze mois de négociation à Genève dans le plus grand secret. Ni les familles des prisonniers, ni le Washington Post n’ont été tenus au courant, tant l’administration Obama craignait, non sans raison, un problème de dernière minute.
« Jamais la négociation sur le nucléaire n’a été reliée à la situation des otages. Les Américains n’ont rien cédé », affirme la diplomate Wendy Sherman. John Kerry toutefois, dès le début des pourparlers, a soulevé ce problème. Et à la faveur des liens de confiance tissés avec son homologue Javad Zarif, le secrétaire d’Etat pensait l’affaire réglée à l’automne, en marge d’un sommet sur la Syrie.
Téhéran voulait 40 prisonniers en échange
Mais en novembre, lors d’une rencontre avec le négociateur américain Brett McGurk, l’équipe iranienne faisait monter les enchères. Téhéran demandait la libération de 40 prisonniers en échange des Américains. Inacceptable. Les négociations ont tourné court.
A Washington, il a fallu convaincre la ministre de la Justice, très réticente, d’accepter un échange. C’est Barack Obama lui-même qui a tranché, a raconté John Kerry aux journalistes qui l’accompagnaient à Vienne, le week-end dernier.
A Téhéran, de la même manière, il a fallu expliquer aux tenants de la ligne dure, que toutes les conditions ne seraient pas acceptées. Un accord fut à nouveau scellé à New York en décembre, entre John Kerry et Javad Zarif. C’est à la même période que l’étudiant Matthew Trevithick est arrêté à Téhéran. Le département d’Etat a craint un retour à la case départ.
Et quand les dix marins américains ont été capturés dans les eaux territoriales iraniennes, le jour du discours de l’état de l’Union du président, le moral des négociateurs était au plus bas.
Le dernier rebondissement est intervenu samedi, le jour de la libération des otages. Au moment de monter dans l’avion suisse qui devait les conduire en Allemagne, les Iraniens ont refusé de laisser embarquer l’épouse et la mère du journaliste Jason Rezaian. Encore une fois, c’est l’intervention du duo Kerry-Zarif qui dénoue le problème. Après douze heures d’attente et d’angoisse, l’avion a pu quitter le territoire iranien.
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