Avec notre envoyée spéciale à Caracas, Véronique Gaymard
A Caracas, de grands panneaux du parti du gouvernement appellent les Vénézuéliens à aller voter en masse. Il ne s'agit pas d'une élection présidentielle, mais l'enjeu y ressemble. L'atmosphère est très tendue, dans ce pays de 30 millions d'habitants gouverné depuis 16 ans par le Parti socialiste unifié du Venezuela, le PSUV du président Nicolas Maduro, peu charismatique, mais qui utilise la figure de Hugo Chavez et la défense de la Révolution bolivarienne dans ses discours, menaçant de descendre dans la rue en cas de défaite aux législatives.
Le pays polarisé. D'un côté : le camp des chavistes. De l'autre : la coalition de l'opposition, très hétérogène. Plus qu'une adhésion à un programme de l'opposition qui reste encore très flou, il pourrait s'agir surtout d'un vote sanction contre le pouvoir en place, car la situation économique et sécuritaire s'est dégradée. Tous les voyants sont au rouge : inflation galopante, pénuries des produits de première nécessité. Le mécontentement gronde, et l'opposition joue sur ce facteur pour proposer un véritable changement. La grande inconnue reste le taux de participation au scrutin ce dimanche, qui pourrait donc faire basculer le Parlement aux mains de l'opposition.
Pablo habite à Paraiso, un quartier populaire de la capitale, tendance chaviste. Il a toujours voté pour le PSUV. Et malgré son mécontentement face aux pénuries de produits de première nécessité, il continuera de voter pour le parti d'Hugo Chavez et Nicolas Maduro. Au micro de RFI, il nous explique pourquoi :
« Bien sûr, je suis mécontent de la situation actuelle. Moi, j'ai 57 ans, et depuis que j'ai l'âge de raison, c'est la première fois que je vois ça : on n'avait jamais vu ça, ici il n'y avait jamais de files d'attentes pour faire ses courses. Avant, on allait au supermarché ou chez un fournisseur, et il y avait toujours des produits à en jeter par les fenêtres comme on dit ici ! Il y avait des produits subventionnés et d'autres plus chers, mais il y en avait.
Ce que j'espère, c'est que cette situation s'arrange, peu importe qui gagne ces élections. Moi, je vais voter pour le PSUV, pour le gouvernement, pour ceux qui sont aux commandes, même si je suis mécontent. Car je pense qu'ils peuvent y arriver. Ils peuvent arriver à faire quelque chose en s'unissant. Je n'ai jamais aimé l'opposition. Ici, il n'y a pas un opposant qui vaille. Ils ne me convainquent pas. C'est pour cela que je ne vote pas pour eux, et je ne voterai d'ailleurs jamais pour eux. »