Les Guatémaltèques ont manifesté pacifiquement dans la rue chaque semaine depuis avril. Ils réclamaient le départ du président Otto Perez. Ce dernier est parti. Ils souhaitent également un changement de système politique. Selon les analystes, c'est unmouvement d'indignation sans précédent dans l'histoire du Guatemala. La militante Rigoberta Menchu, prix Nobel de la Paix en 1992, a salué « le grand réveil de la population », après des décennies sans vraiment réagir. Mais elle redoute également les violences ce dimanche.
« Nous faisons face à une profonde crise politique où les principaux acteurs, ceux qui ont été désignés comme responsables, ont été les partis politiques eux-mêmes », analyseLigia Blanco, directrice de l'Institut néerlandais pour la démocratie au Guatemala (NIMD). Les Guatémaltèques ont demandé d’importantes réformes – du système électoral, des partis politiques, de la fonction publique et de plusieurs articles de la Constitution. Des réformes qui n’ont pas eu lieu, ce qui alimente aussi leur mécontentement,ajoute Ligia Blanco.
Dans ce contexte d'ébullition populaire, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé « tous les Guatémaltèques à faire en sorte que les élections se tiennent dans un environnement pacifique ». La démission du président Otto Perez a déclenché des scènes de liesse dans le pays rongé par la corruption.
Mais le directeur de la branche locale de l'organisation Transparency International tempère les espoirs : l'achat des votes est courant dans la société où 53,7 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. 50 % du financement des partis provient de la corruption et la grande majorité d'entre eux n'ont aucun plan concret pour lutter contre ce fléau. « Ces élections ne seront pas considérées comme légitimes par une grande partie de la population, car c’est encore et toujours le même système », estime Ligia Blanco.