A la veille de la première visite officielle américaine à Cuba vendredi 14 août depuis 70 ans, le New York Times raconte la journée du 4 janvier 1961. Ce jour-là, les États-Unis ferment leur ambassade à La Havane. Aux alentours de midi, trois marines sont chargés d'abaisser le drapeau américain devant le bâtiment. Le New York Times les a rencontrés : ils décrivent la foule, qui était rassemblée devant l'ambassade pour demander des visas pour les États-Unis, avant la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. « Nous avons regardé le drapeau. Nous avons regardé la foule. Nous avons regardé le drapeau. Nous avons regardé la foule », raconte l'un de ces militaires. « Je crois qu'ils ont compris. Ils ont quitté le trottoir ». Demain, raconte le journal, les trois mêmes Marines hisseront à nouveau le drapeau américain au-dessus de l'ambassade des États-Unis à Cuba.
Le Miami Herald publie aujourd'hui une interview du secrétaire d'État américain. Dans cet entretien, John Kerry affirme que les droits de l'homme seront « une priorité » lors de sa rencontre avec son homologue cubain. Sauf que dans le Nuevo Herald, la version en espagnol du Miami Herald, un journaliste d'origine cubaine lance ce cri du cœur : « Pardonnez-moi, monsieur Kerry, mais je ne vous ai pas entendu protester contre les violations des droits l'homme. » Dans sa lettre ouverte, Guillermo Martinez se désole : « Je suis sûr, monsieur le secrétaire d'État, que l'un de vos assistants vous a dit que, depuis que le président Barack Obama a fait part de son désir de rétablir les relations diplomatiques, le gouvernement cubain a multiplié les mesures répressives contre les dissidents ». Le Miami Herald rappelle que « rien que le mois dernier, Cuba a emprisonné plus de 670 opposants pacifiques ». John Kerry a finalement assuré qu'il rencontrerait des opposants cubains, en privé. Dans sa lettre ouverte, publiée quelques heures avant cette annonce, Guillermo Martinez promettait : « c'est la seule chose qui pourrait atténuer le mal que vous faites, monsieur Kerry ».
La presse cubaine reste silencieuse
Dans Granma, l'organe du parti communiste cubain, aucun article ne traite directement de la venue du secrétaire d’État américain. Une photo s’affiche cependant à la Une du quotidien : Fidel Castro, casquette militaire sur la tête et drapeau cubain à la main. Le lider maximofête ses 89 ans aujourd'hui, rappelle Granma. En page deux du journal, un éditorial signé Fidel Castro dénonce la position dominante des États-Unis en 1945, année de la dernière visite officielle américaine sur l'île : « Ce pays dont le territoire a échappé aux combats est devenu le plus riche et le mieux armé de la terre, face à un monde détruit, rempli de morts, de blessés et d'affamés ». Dans cet article titré « La réalité et les rêves », la visite de John Kerry n'est jamais citée.
La presse haïtienne toujours critique après les élections
Quelques jours après le premier scrutin en Haïti depuis quatre ans, l'universitaire Claude Joseph signe une tribune virulente sur le site de l’agence Alterpresse. Pour lui, « la débâcle électorale du 9 août saute aux yeux ». Il s'indigne : « On a assisté, les yeux consternés, le cœur pétrifié et l’âme endolorie, comment les Haïtiens jetaient leur bulletin derrière des isoloirs construits de briques et de morceaux de cartons mal taillés – des isoloirs qui exposent au monde entier notre ignominieuse isolation de la modernité après plus de deux-cents ans d’indépendance. Haïti mérite mieux que ça ! »
Au Guatemala, une « farce » électorale
Les élections législatives et l’élection présidentielle n’ont pas encore eu lieu, elles se tiendront le 6 septembre. Les éditorialistes guatémaltèques dénoncent pourtant déjà une « farce » électorale, à l’image du quotidien La Hora. « La République [du Guatemala] s'appuie sur un cadre légal antidémocratique, qui encourage l'impunité », affirme un éditorialiste. Le constat intervient alors qu’hier mercredi, deux candidats de l'opposition ont été tués.
Pour El Periódico, on n'a vu jusqu'ici dans la campagne « ni réels discours, ni réels débats politiques. Il ne reste que la communication », se désole son éditorialiste. La Hora ajoute : « Par le passé les électeurs pouvaient voter pour le moins pire des candidats, mais aujourd'hui il n'y a même pas l'espoir qu'un seul d'entre eux soit simplement acceptable ». « Dans ce contexte, le rituel qui consiste à déposer son bulletin dans l'urne devient une farce, une tromperie », conclut le journaliste.