Avec notre correspondante à Santiago du Chili, Laurie Fachaux
Les 14 militaires à la retraite onze Chiliens et trois Uruguayens ont écopé de peines allant de cinq à vingt ans de prison ferme et ne pourront pas faire appel. C'est une décision très rare au Chili, car jusqu’à cette date, moins de 90 militaires se trouvaient derrière les barreaux pour des crimes commis pendant la dictature.
Ce dossier est d'autant plus hors du commun puisque la personne ici séquestrée et assassinée n’est pas un opposant à Pinochet mais un ancien membre de la police secrète. Eugenio Berrios en était le chimiste pendant 17 ans durant lesquels il a empoisonné les opposants politiques.
Ses anciens collègues ont commencé à s’inquiéter quand Eugenio Berrios a souhaité se rendre à l’ambassade du Chili en Uruguay, ou il s’était caché, après le retour à la démocratie. Pour éviter une comparution devant la justice, une vingtaine de militaires a alors séquestré et tué le chimiste. Son corps a été retrouvé sur une plage en Uruguay en 1995.
Cette condamnation de la Cour suprême intervient vingt ans après cette découverte, et quatre jours après la mort de Manuel Contreras, le bras droit de Pinochet. L'organe judiciaire assure toutefois que c’est un simple hasard du calendrier, et qu’il n’a pas reçu de pression du gouvernement. Dans ce contexte, le gouvernement de Michelle Bachelet a déclaré le week-end dernier « réaffirmer son engagement avec le respect des droits de l'homme ».