Avec notre correspondante à Washington, Anne Marie Capomaccio
Djokhar Tsarnaev a été condamné à mort car les douze jurés ont estimé que les circonstances aggravantes étaient de loin plus importantes, plus crédibles, que les circonstances atténuantes. Notamment l’intention de donner la mort, la préméditation. Le fait que Djokhar Tsarnaev a déposé sa bombe sur la ligne d’arrivée du marathon, juste derrière un groupe d’enfants, ou qu'il ait été filmé, juste après l'attentat, en train de boire un verre de lait dans un café, ont été déterminants.
En outre, le jeune homme n’a pas témoigné, il n’a pas montré d’émotion au cours du procès. Le jury a estimé qu’il ne ressentait aucun remords pour ses actes, même si une religieuse, sœur Helen Préjean, est venue dire que le prisonnier, à qui elle a rendu visite à cinq reprises, exprimait des regrets pour les actes commis.
Mais manifestement, le jury n'a pas reçu les arguments de la défense : la famille éclatée, le père proche de la folie et la mère radicalisée qui rentrent en Russie en laissant Djokhar Tsarnaev seul aux Etats-Unis, le frère aîné dominateur qui l'entraîne dans le terrorisme. Judy Clarke, l’avocate anti-peine de mort n’a pas réussi à faire passer son message : c’est Tamerlan qui aurait entraîné Djokhar Tsarnaev dans cet attentat qui a fait trois morts et 264 blessés graves.
Impassible tout au long du procès
Rien de tout cela n'a ému les sept femmes et cinq hommes qui ont délibéré à peine 14 heures. Et le verdict, la peine capitale, a été rendu dans un silence total. Seuls l’accusé et ses avocats se tenaient debout. Ils sont restés de marbre à la lecture de la sentence.
Jane Collins a suivi le procès Tsarnaev depuis le début au mois de janvier, au premier rang, dans la salle d’audience. Portraitiste d’assises depuis des années, elle a croqué le portrait de Djokhar Tsarnaev au jour le jour, et comme les jurés, elle a été surprise par l’impassibilité de l’accusé.
« Ce qui est curieux et intéressant c'est qu’il n’a montré aucune émotion pendant les audiences, souligne-t-elle. J’étais au premier rang, je n’ai jamais vu son visage en entier.Il n’a jamais regardé autour de lui. Il entrait et s’enfermait dans une sorte de solitude, regardant le sol. Il ne semblait pas être là, il ne s’est jamais tourné comme s’il n’avait aucune curiosité. Il en avait peut-être, mais il ne l’a pas montré au public, et pourtant je n’étais qu’à trois mètres de lui. Et puis il n’a jamais exprimé aucun remords. Le seul moment où il a montré un peu d’émotion, c’est quand sa vieille tante et sa cousine sont venues de Russie. Il a essuyé une larme. Je ne l’ai pas vu sangloter, loin de là. Mais il était triste en les écoutant parler de ces moments, lorsqu’ils se voyaient, il était à peine âgé de 8 ans à cette époque. »
Karen Brassard était à Boston le jour du drame. Elle et son mari ont été blessés. Elle témoigne à RFI de son soulagement : « Je suis soulagée parce que c’est terminé, je suis soulagée car il a été rendu responsable de ces actes. Les gens me demandent si je suis contente mais je ne le suis pas : ce n’est pas satisfaisant lorsque l’on sait qu’une personne va perdre la vie. Je ne suis donc pas heureuse mais reconnaissante, car je pense que nous devons montrer au monde que des choses pareilles ne peuvent pas arriver. […] Il a fait son choix en connaissant les conséquences de ce qu’il allait faire. Ce n’est pas de la vengeance pour moi. Peut-être pour les autres. Pour moi, ce n’est que justice. »