A la Une: Raul Castro au Vatican avant d’accueillir François Hollande

Les photos de cette visite font la Une de toute la presse continentale et les titres qui les accompagnent son évocateurs : « Je recommencerai à prier », titre par exemple Clarin en Argentine et El Nacional au Venezuela. « Le pape fait en sorte que je redevienne catholique », a préféré El Mercurio chilien. Le chef de l’exécutif cubain était donc au Vatican ce dimanche 10 mai pour préparer la venue du pape François à Cuba en septembre prochain.

L’entretien a duré près d’une heure. « Un rendez-vous privé », détaille Granma qui précise qu’il est très rare que le pape François accorde ce type d’entretien un dimanche, et qui plus est pendant près d’une heure. Raul Castro s’est également livré à la presse, avouant avoir été impressionné par « le savoir et la modestie » du souverain pontife, selon El Nuevo Herald. D’après le quotidien floridien, Raul Castro en a également profité pour « remercier le Saint-Siège pour sa médiation » avec les Etats-Unis.

Raul Castro est ensuite rentré à La Havane où l’attend le président français François Hollande

Si Granma consacre toute sa Une ce matin aux entretiens de Raul Castro avec le pape François et Matteo Renzi (le chef du gouvernement italien), l’organe officiel du Parti communiste cubain revient sur l’arrivée, dimanche soir, de François Hollande pour cette première visite d’un président français à Cuba depuis la révolution castriste. Il a été reçu à l’aéroport international José Marti par le vice-ministre des Affaires étrangères, Rogelio Sierra.

François Hollande n’a pas hésité à déclarer que des « liens historiques et profonds unissent le peuple français au peuple cubain », deux pays qui ont le même « attachement à l’indépendance » selon lui. François Hollande a également évoqué le processus de rétablissement des relations entre Cuba et les Etats-Unis, affirmant selon Granma qu’« avec la France, Cuba dispose d’un allié fidèle ». Durant cette visite officielle, un entretien avec Raul Castro est notamment prévu.
 
La presse américaine évoque la frénésie de la diplomatie mondiale vis-à-vis de Cuba depuis décembre dernier
 
« Frénésie », c’est le terme employé par El Nuevo Herald pour expliquer l’agitation diplomatique qui entoure Cuba depuis le début du processus de normalisation des relations avec les Etats-Unis. Et la visite du président français en est le parfait exemple, estime le quotidien qui cite un intellectuel français pour qui il est évident que cet épisode accélère un autre processus de réchauffement, cette fois entre l’Union européenne et Cuba. D’ailleurs le quotidien revient sur un épisode qui s’était déroulé à Bruxelles, juste après les annonces historiques de Barack Obama et Raul Castro en décembre dernier. Le président François Hollande avait alors précisé que « la guerre froide devait se terminer une fois pour toutes et qu’il était lamentable qu’il ait fallu attendre autant de temps ».

« Le dégèle avec les Etats-Unis met à la mode Cuba », titre dans un autre article le quotidien floridien, qui estime que depuis décembre dernier tous les pays tentent de profiter de cette ouverture pour placer leurs pions, en l’occurrence leurs entreprises, dans un marché cubain qui a un besoin urgent de capitaux étrangers.

François Hollande sera demain en Haïti, là encore une visite historique et très attendue

Hier, alors que le président français inaugurait le Mémorial ACTe (le centre caribéen d’expressions et de mémoires de la traite et de l’esclavage) à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, il n’a pas hésité à évoquer les réparations liées à l’esclavage : « A-t-on suffisamment souligné que quand l’abolition fut acquise, la question de l’indemnisation prit des proportions et surtout une orientation particulièrement surprenante puisqu’elle a été réclamée à corps et à cris non pas par les anciens esclaves, mais par les anciens maîtres qui exigeaient d’être dédommagés pour la perte de la force de travail qu’ils avaient comptabilisé dans leurs écritures comme la valeur de leur cheptel. La monarchie de Charles X, 1825, réclama même à la jeune République d’Haïti une indemnisation d’Etat de 150 millions de francs-or afin d’indemniser les anciens colons qui le réclameraient. Certains ont appelé cette exigence "la rançon de l’indépendance". Et bien, quand je viendrai en Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons. »

Des déclarations fortes de la part de François Hollande et très attendues par les Haïtiens. Même si l’entourage du chef de l’Etat a tenu immédiatement à préciser qu’il n’était pas question de réparations financières, rapporte ce matin le site d’information américain International Business Times. Ce site d’information rappelle que la France fait régulièrement face aux appels réclamant le remboursement des sommes versées par Haïti en 1825. Des indemnités versées aux colons, jugées illégales par de nombreux experts. Mais cette dette ne devrait pas être soldée, pense savoir International Business Times. Le site rappelle que le président français a déjà évoqué cet aspect concernant les anciennes colonies africaines et qu’il avait précisé que « l’histoire ne pouvait faire l’objet de transactions ». Un sujet qui reviendra certainement dans les conversations ce mardi, à l’occasion de cette visite officielle, la première d’un président français en Haïti.

 

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