Avec notre correspondant à Sao Paulo, Martin Bernard
« Dilma dehors », « dehors le PT », le parti au pouvoir depuis 12 ans : les mots d'ordre sont très clairs. Devant le Musée d'art de Sao Paulo, sur la grande avenue Paulista, les manifestants ont déroulé une gigantesque banderole vert et jaune, avec en grosses lettres noires, le mot « impeachment », c'est-à-dire la destitution pour Dilma Rousseff. A l'origine de la colère des manifestants : la corruption, surtout, qui a ravagé Petrobras, la compagnie nationale pétrolière, mais aussi l'inflation et la récession, qui se traduit déjà par une hausse du chômage.
Un cocktail explosif, alors que Dilma Rousseff vient d'adopter une politique d'austérité qu'elle rejetait justement pendant la campagne électorale, il y a six mois. « Je suis indigné comme tous les Brésiliens qui paient des impôts et n'obtiennent rien en retour », explique ce manifestant de 46 ans. « Nous payons autant d'impôts que les Suédois ou les Norvégiens, mais on a des services publics à la hauteur du Ghana, ou du Venezuela ». « Il y a trop de gens qui volent, trop d'impunité. Et j'aimerais qu'on implante ici une des plus célèbres inventions françaises : la guillotine ! », dit-il.
Le mouvement se radicalise. Mais Dilma Rousseff a répliqué sur Facebook, ce dimanche : « La guerre contre la corruption, affirme-t-elle, est une action permanente du gouvernement. »