Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
La demande formelle est symbolique. Mais elle indique une inflexion dans la stratégie américaine, un cran de plus dans l'utilisation de la force contre les jihadistes de l'organisation Etat islamique en Irak et en Syrie. D'ailleurs, le président des Etats-Unis l'écrit dans cette lettre adressée aux parlementaires, il dispose de l'autorité nécessaire pour mener ces actions.
« Notre coalition est à l’offensive, explique Barack Obama. Le groupe Etat islamique est sur la défensive et il va perdre ! Le texte que nous soumettons aujourd’hui ne demande pas le déploiement de troupes combattantes au sol en Irak ou en Syrie. Ce n’est pas une autorisation pour une nouvelle guerre au sol, comme en Afghanistan ou en Irak. Je suis convaincu que les Etats-Unis ne doivent pas être à nouveau entraînés dans une longue guerre au Moyen-Orient. Ce n’est pas dans l’intérêt de notre sécurité nationale et ce n’est pas nécessaire pour vaincre le groupe Etat islamique. Les forces locales au sol qui connaissent mieux leur pays sont en meilleure position pour y affronter les terroristes, et c’est ce qu’elles font. Dans le même temps, ce texte est équilibré et propose une flexibilité pour des circonstances spéciales. Par exemple, si nous avons des renseignements sur un rassemblement de leaders terroristes, et que nos partenaires n’ont pas la possibilité d’intervenir, je suis prêt à demander à nos forces spéciales d’agir, car je ne tolèrerai pas que ces terroristes puissent trouver un refuge. »
Ce qui motive cette requête, Barack Obama l'affirme, c'est la menace posée par le groupe EI à toute la région, mais aussi à la sécurité nationale des Etats-Unis. Il rend l'organisation responsable de la mort des otages américains, tous cités dans le texte envoyé au Congrès.
La demande de pouvoirs de guerre sollicitée par Barack Obama s'articule autour de trois points : une autorisation pour trois ans seulement. Barack Obama n'engage pas son successeur ; aucune limite géographique sur les zones d'intervention ; enfin, l'engagement de ne pas envoyer de troupes américaines au sol, sauf pour les forces spéciales, en cas de prise d'otage ou d'opération ciblée contre des responsables terroristes.
Débat au Congrès
C'est sur l'interprétation de ce dernier paragraphe que le débat s'est déjà engagé à Washington. L'aile droite du parti républicain estime que l'opération est trop limitée, et qu'il faut dépêcher des troupes sur le terrain pour se débarrasser du groupe Etat islamique. Chez les démocrates en revanche, certains ne se sont jamais remis de l'invasion de l'Irak à l'époque de George Bush et ils sont plus que réticents.
Le débat formel va s'organiser au Congrès. Des amendements seront proposés, le vote ne devrait pas intervenir avant plusieurs semaines. Pendant ce temps, les bombardements vont se poursuivre en Irak et en Syrie. En six mois, ce sont plus de 2 000 raids qui ont été menés par les forces de la coalition.