Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Le procureur Alberto Nisman, retrouvé mort ce dimanche, avait accusé la semaine dernière la présidente Cristina Kirchner de vouloir blanchir les Iraniens inculpés pour l'attentat contre la mutuelle juive Amia, attentat qui avait fait 85 morts en 1994. Lundi, Cristina Kirchner s'était risqué à avancer sur Facebook que le procureur s'était donné la mort, mais elle pense désormais qu'il a été tué. Et elle l'a écrit ce jeudi sur le même réseau social.
Il est vrai que l'enquête s'oriente de plus en plus en ce sens. L'absence de traces de poudre sur les mains d'Alberto Nisman a d'abord fait douter qu'il ait lui-même empoigné l'arme qui l'a tué. On a su ensuite que la porte de service de son appartement n'était pas verrouillée, avant d'apprendre l'existence d'un accès communiquant avec l'appartement voisin, par ailleurs inoccupé.
Services de renseignement
Reste à savoir, si assassin il y a eu, comment il a pu quitter l'immeuble sans être vu par les gardes de sécurité et les policiers chargés de la protection de Nisman. On pense à une opération menée par des membres ou des anciens membres des services de renseignement, qui avaient beaucoup contribué aux investigations du procureur.
De fait, Cristina Kirchner pointe aussi le doigt sur le monde obscur du renseignement, mais elle laisse entendre qu'on a tué Nisman pour la déstabiliser. Quant aux Argentins, ils s'étonnent que la présidente, responsable de la sécurité de tous, se présente en victime d'un complot et s'adresse à eux à travers les réseaux sociaux.