A la Une: l’attentat à «Charlie Hebdo»

Beaucoup de photos du grand rassemblement qui a eu lieu hier place de la République à Paris sont en Une de nombreux titres américains, à l’image de la Une du Washington Post, avec ce slogan « Je suis Charlie » qui revient presque systématiquement dans les éditoriaux. « Une attaque terroriste contre un hebdomadaire satirique français est une attaque contre la liberté universelle » écrit l'éditorialiste du New York Times, qui se souvient : « quelques jours après les attaques du 11 septembre, nos confrères du journal Le Monde écrivaient « nous sommes tous Américains. ». Aujourd'hui, écrire « Je suis Charlie » c'est témoigner sa solidarité avec les victimes de l'attaque menée à Paris ». Et l'éditorialiste conclut : « Je suis Charlie ».

C'est le message qu'a posté l'ambassade américaine à Paris sur son site internet ce mercredi. Le quotidien new yorkais a, lui, mis en Une une photo choc : celle de deux des trois assaillants présumés, en train d'achever un policier sur le boulevard Richard-Lenoir. Un choix contestable, mais qui montre bien la barbarie de cet acte.
 
« Je suis Charlie » un slogan également repris sur le site du New Yorker

Dès hier soir les dessinateurs du New Yorker (parution réputée pour ses dessins de presse) ont posté de nombreux dessins sur internet. Mais ce matin, c'est un long article qui retient l'attention. « Les assassinats perpétrés à Paris n'ont rien à voir avec l'action militaire française contre l'organisation Etat islamique », écrit le journaliste Georges Parker. « Ces trainées de sang sont le produit d'une idéologie qui cherche à conquérir le pouvoir par la terreur depuis des décennies ». Et de conclure : « la rage et la condamnation ne servent à rien pour lutter contre cette idéologie. Le meilleur moyen d'éviter la propagation de cette idéologie meurtrière c'est d'essayer d'être Charlie. De tous être Charlie, pas seulement aujourd'hui, mais chaque jour ».

Le quotidien canadien Le Devoir, sous le titre : « la France visée en plein cœur » parle d'un « 11 septembre français »

Mais le quotidien de Montréal note une différence : « En septembre 2001, le monde entier avait été horrifié. Même si rien ne justifiait une telle barbarie, plusieurs n’en reconnaissaient pas moins que les tours new yorkaises symbolisaient un système responsable de terribles injustices qui n’étaient pas à l’honneur de l’Occident », rappelle le journal. « Alors que la tragédie de Charlie Hebdo ne peut inspirer aucune réflexion de ce genre. Le combat pour la liberté de presse - pour la liberté tout court - que ses artisans menaient depuis des années illustre au contraire ce que nos sociétés ont de meilleur à offrir à l’humanité. Une liberté débridée sera toujours préférable à l’obscurantisme ».
 
En Argentine, la presse est unanime

La Nacion consacre les trois quarts de sa couverture à l’attentat contre Charlie Hebdo avec ce titre : « Attentat sanglant contre la liberté d’expression. Le massacre d’une revue française indigne le monde ». Un des éditoriaux du jour est bien entendu consacré à cette tragédie. Pour La Nacion, la France fait « face à un défi urgent ». Pour l’éditorialiste, ce n’est pas seulement une attaque « contre les principes même de la démocratie », mais également un danger pour l’ensemble de la société française. « Le malaise de plus en plus important de cette société face à l’avancée d’un islamisme qui semble imparable risque de créer un amalgame entre l’islam modéré et son expression la plus extrémiste ».

Mais pour La Nacion, la France, dans des moments aussi douloureux se comporte toujours comme une « famille en deuil » et suite à cet attentat « c’est l’unité qui prévaut ». La Nacion termine avec cette citation de François Hollande : « La liberté triomphera toujours de la barbarie ». Un message qui a été bien compris par la majorité de la population française, ce qui inclut les musulmans de France, conclut le quotidien.

La presse mexicaine dénonce également cet attentat terroriste

Cronica, comme de nombreux autres quotidiens, publie en Une une photo du rassemblement place de la République à Paris, avec des personnes tenant des pancartes avec le slogan « Je suis Charlie » et un titre, « Rejet mondial du terrorisme à Paris ».

Le quotidien La Prensa, qui préfère les photos au texte en Une, a choisi cinq photos : celle du policier se faisant abattre avec, à côté, une photo d’un blessé après l’attentat. Les portraits des deux frères suspectés, une autre de personnes montrant des pancartes « Je suis Charlie » et un manifestant, tenant haut une édition de Charlie Hebdo complète cette page de garde avec un très gros titre en rouge : « Bain de sang ! ».
 
Au Venezuela : une bonne partie de la presse consacre également sa Une à cet événement

Le quotidien El Nacional a choisi ce titre en Une : « Terreur contre la liberté d’expression ». « Rejet d’un attentat islamiste contre un journal », titre quant à lui Ultimas Noticias, avec en médaillon une Une de Charlie Hebdo, une photo de Stéphane Charbonnier dans la rédaction du journal satirique et un dernier médaillon : fond noir avec marqué en blanc « Je suis Charlie ».

Enfin, le quotidien Diario 2001 met en Une un dessin d’un caricaturiste, José Sarmago. On y voit trois représentants de trois religions : un musulman, un chrétien et un bouddhiste. Les trois ont un crayon posé sur l’oreille et une pancarte entre les mains avec écrit « Je suis Charlie » et cette phrase au-dessus : « Tuer au nom de Dieu, c’est faire de Dieu un assassin ». Sous ce dessin, une très courte phrase en très gros caractère : « tu ne tueras point ! »

Les caricaturistes brésiliens rendent hommage à leurs collègues assassinés à Paris

Le nom le plus cité est celui de George Wolinski. « C’était un maître pour moi », explique par exemple Laerte Coutinho au journal O Globo. « Dans le monde du cinéma, c’est comme si on avait tué un Polanski ou un Woody Allen », renchérit André Dahmer. Son collègue Nani Lucas se souvient de l’époque de la dictature : « L’humour caustique et sans révérence nous a beaucoup aidé à supporter la censure ».

Quelles conséquences aura cet attentat ? L’éditorialiste de la Folha de Sao Paulo se montre pessimiste. Les islamistes radicaux et les islamophobes vont se nourrir mutuellement, écrit Clovis Rossi qui craint que chacun ne tente de tirer parti de cette tragédie. « Sommes-nous déjà entrés dans un choc de civilisations ? », s’interroge en conclusion l’éditorialiste de la Folha de Sao Paulo.

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