De notre correspondante à Port-au-Prince,
Le premier point à l’ordre du jour est le vote de la loi électorale. Les scrutins pour élire les maires, les élus locaux, les députés et les sénateurs n’ont pas été organisés en Haïti depuis 2011, donc le calendrier électoral défini par la Constitution n’est plus valide. Un amendement à la loi électorale est donc nécessaire.
Ce premier point de l’agenda pose déjà problème à certains, puisque, toujours selon la Constitution, le texte de la loi électorale doit être préparé par le conseil électoral. Or aujourd’hui, cette administration n’existe pas, car, en signant l’accord le 29 décembre, Michel Martelly et les présidents des deux chambres du Parlement se sont entendus pour la création d’un nouveau conseil électoral.
Vu l’urgence de la situation, avec plus de trois ans de retard dans l’organisation des élections, les parlementaires vont sans doute tout de même voter cette loi, même si cela fait entorse à la Constitution.
Vote de confiance du nouveau Premier ministre
En deuxième point à leur ordre du jour, les députés et sénateurs sont appelés à ratifier la déclaration de politique générale du Premier ministre. Après la démission de Laurent Lamothe du poste de chef du gouvernement, Michel Martelly a désigné un nouveau Premier ministre, Evans Paul. Dix jours après cette nomination, les parlementaires sont convoqués en séance pour valider ce choix.
Evans Paul va donc se présenter au Parlement ce lundi pour obtenir le vote de confiance des deux chambres. En nommant cet ancien journaliste, représentant de l’opposition modérée, et grande figure de la classe politique depuis plus de vingt ans, Michel Martelly a fait preuve de consensus. Mais là encore des voix s’élèvent dans les rangs des parlementaires. La personnalité d’Evans Paul n’est pas critiquée, sa candidature au poste de Premier ministre est saluée par une très large majorité. Mais ce choix ne s’est pas fait en consultation avec les présidents de la chambre des députés et du sénat, des consultations qui sont, à nouveau, exigées par la Constitution.
Polémique sur le Fonds national de l'éducation
Les débats s’annoncent donc houleux au Parlement et il semble surtout compliqué que la loi sur le Fonds national de l’éducation soit votée comme l’exige l’ordre du jour. C’est un texte auquel tient énormément le président Michel Martelly, c’est pourquoi il l’a inscrit à l’agenda de cette session parlementaire extraordinaire.
Cette loi vise à entériner la création de deux nouvelles taxes, sur les appels internationaux et les transferts d’argent depuis l’étranger. Ces taxes doivent permettre de financer le programme d’éducation gratuite lancé par Michel Martelly, une politique au profit de la jeunesse haïtienne qui fait la fierté du président.
Mais cette loi est en souffrance depuis son écriture... en 2011. Le Parlement a toujours refusé de débattre ce texte en séance, car les élus exigent de savoir en amont combien d’argent a déjà été placé dans ce Fonds pour l’éducation et si une partie de cet argent, placée à la Banque centrale, a éventuellement été dépensée. Ces informations n’ayant pas été fournies au Parlement, la séance d’aujourd’hui s’annonce mouvementée et, plutôt que d’apaiser la situation, cela va très probablement renforcer les tensions entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.