Sur sa page Facebook, Maria de los Angeles Pineda affiche un large sourire. « Je travaille inlassablement pour le bien-être de ma communauté », peut-on lire en guise de commentaire d'une photo où l'épouse du maire d’Iguala visite une maison de retraite. Son dernier post date du 26 septembre, le jour où les 43 étudiants ont disparu suite à une répression violente menée par la police.
C'est aussi le jour où Maria de los Angeles Pineda et son mari ont pris la fuite. Les autorités fédérales les accusent d'avoir commandité l'attaque contre les étudiants. L'épouse de José Luis Abarca aurait demandé au chef de la police de leur « donner une leçon », affirme des témoins. Le couple craignait le sabotage par les élèves de l'école normale d'Ayotzinapa, située comme Iguala dans l'Etat de Guerrero, d’une réunion publique que Maria de los Angeles Pineda devait tenir en sa fonction de directrice d'un organisme public de protection de l'enfance.
Le maire et son épouse liés aux trafiquants de drogue
Celle qui aimait s'afficher comme bienfaitrice, toujours tirée à quatre épingles, est aussi la sœur de trois trafiquants de drogue. Elle serait étroitement liée au cartel des Guerreros Unidos, que la justice soupçonne d’avoir fait disparaître les étudiants.
Et justement, d’après un membre de ce cartel, interrogé en prison, c’est Maria de los Angeles Pineda en personne qui contrôlait depuis la mairie les activités criminelles dans la ville. Avec son mari, elle formait un couple despotique, richissime et qui ne se donnait même pas la peine de cacher sa fortune - 17 propriétés selon la presse mexicaine. Les deux figurent à présent sur la liste des personnes les plus recherchées du Mexique.
Mais des mandats d’arrêt lancés contre le maire d’Iguala et son épouse ne sauront pas calmer la colère de la population. A Iguala, des milliers de manifestants, révoltés contre l’incapacité des autorités à retrouver les étudiants disparus, ont incendié la mairie, sans être gênés par les forces de l’ordre. Mercredi 22 octobre 2014, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes du pays. Rien qu’à Mexico, environ 50 000 personnes sont descendues dans la rue, exprimant leur solidarité avec les proches de victimes. Les manifestants réclamaient également la démission du gouverneur de l’Etat de Guerrero, Angel Aguirre. Il est membre du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche) auquel appartiennent également le maire d’Iguala et son épouse.