Etat islamique: Obama va préparer les Américains à une intervention

Barack Obama va s’exprimer ce mercredi soir - dans la nuit de mercredi à jeudi en France - dans une adresse solennelle à la nation, afin d’expliquer aux Américains quelle sera la stratégie des Etats-Unis contre l’Etat islamique. Le chef de l'Etat a déjà dévoilé les grands axes de cette stratégie, l’objectif étant d’anéantir le groupe terroriste avec l’aide d’une large coalition internationale, et sans engagement américain au sol.

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

Il faudra sans doute s'attendre à un discours contre-nature pour le président des Etats-Unis, ce mercredi soir, lui qui a bâti sa campagne et ses actions à la Maison Blanche sur une politique militaire moins agressive, comme l’explique Kenneth Weinsten, président de l’Institut conservateur d’Hudson : « Ce n'est pas le discours le plus important, mais c’est certainement le discours le plus compliqué qu’il doit donner car depuis quelques années, le président a pour but principal le retrait des troupes américaines en Irak. Il a pris la décision l’été dernier de ne pas bombarder les forces syriennes après la découverte de l’utilisation des armes chimiques. Et il a refusé a plusieurs reprises d’armer l’opposition syrienne. Le président était carrément opposé à augmenter la présence militaire américaine au Proche-Orient et maintenant il est contraint de le faire. »

Ce soir, Barack Obama va donc devoir annoncer une nouvelle guerre. Le terme de « guerre » ne sera certes peut-être pas employé, mais le président des Etats-Unis devrait annoncer la naissance d’une coalition internationale dont l’objectif sera d’anéantir l’Etat islamique. Des bombardements plus agressifs, des livraisons d’armes aux troupes sur le terrain, des conseillers américains supplémentaires. Et surtout un conflit sur la durée, puisque la Maison Blanche parle d’une guerre de trois ans, ce qui signifie un engagement jusqu’à la fin du mandat de Barack Obama, et même au-delà.

Le problème syrien

Il est beaucoup question des bombardements en Irak et du soutien à un gouvernement d’union nationale, mais l’Etat islamique a pris racine en Syrie. Barack Obama n’a évoqué qu’une seule fois la Syrie dans sa dernière intervention. Le président a parlé d’armer l’opposition modérée. Ce qu’il refusait de faire jusque-là. De nombreux parlementaires le pressent, non seulement de bombarder les repères de l’Etat islamique en territoire syrien, mais aussi de fournir des armes à l’opposition.

L’exécution des journalistes James Foley et Steven Sotloff a été un tel choc que les plus réticents finissent par demander une action agressive contre le groupe terroriste, comme le sénateur démocrate de Floride Bill Nelson : « La tête du serpent Etat islamique n’est pas en Irak, la tête est en Syrie. Donc si l’on veut tuer le serpent, il faut y aller et lui couper la tête. »

Les parlementaires devraient soutenir Barack Obama

Les leaders politiques qui ont participé à une réunion hier soir, mardi, à la Maison Blanche sont restés très discrets. Mais Barack Obama ne devrait pas solliciter un vote du Congrès. Et tous les observateurs à Washington sont d’accord sur un point : un vote formel n’arrange ni les républicains, ni les démocrates, en pleine campagne électorale pour le scrutin de mi-mandat.

En revanche, il est possible que le président demande une rallonge financière qui passera obligatoirement par un vote, ce qui est une façon détournée d’engager le Congrès. Pour Kenneth Weinstein, « une partie des démocrates au Congrès vont être sceptiques à l’égard de cette politique, et certains républicains, plus interventionnistes, n’ont pas confiance en Barack Obama. Mais ce dernier va avoir la confiance d’une partie importante du Congrès quand même ».

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