Après la claque contre l'Allemagne, la presse brésilienne se déchaine

Gueule de bois au Brésil, au lendemain de l'incroyable défaite subie par l'équipe nationale face à l'Allemagne en demi-finale du Mondial 2014 (7-1). La presse tire à boulets rouges. Sa cible principale : Luis Felipe Scolari, l'entraîneur, qui sera probablement débarqué après le match pour la troisième place. Et le pays tout entier de s'interroger : la question sociale va-t-elle ressurgir ?

Avec notre correspondant à Rio de Janeiro,  François Cardonna

Mardi soir, plus de 20 000 Brésiliens étaient venus assister au match devant les écrans géants dressés sur Copacabana. Mais une bonne partie a tout simplement déserté la plage dès le troisième but allemand. Certains étaient en larmes. Mais rapidement, une pluie tropicale s’est abattue sur Rio, finissant de doucher les derniers supporters. Beaucoup de Brésiliens sont simplement incrédules devant le spectacle d'une Seleçao subissant une telle défaite. Un score pareil, cela leur semblait inimaginable avant cette demi-finale fatidique.

Le Brésil s'est donc réveillé sonné, sous le choc, ce mercredi 9 juillet. « Une honte historique », a titré le quotidien Folha de Sao Paulo. « Le football brésilien est réduit en poussière », n’hésite pas à écrire une éditorialiste du journal Globo. Et déjà, les journaux commencent à faire les comptes : côté sport, le quotidien spécialisé Lance annonce que l'entraineur Felipe Scolari reste pour l'instant à la tête de la Seleçao, du moins jusqu'au prochain match du Brésil qui aura lieu samedi (pour la troisième place du Mondial). Mais le journal croit savoir que l'entraineur sera ensuite rapidement remplacé. « Va en enfer Felipao », titre sans complexe O Dia, le quotidien de Rio de Janeiro.

« On aurait mieux fait de construire des hôpitaux »

Les conséquences de cette défaite historique pourraient bien être aussi sociales et politiques. C'est l'avis du journal Folha de Sao Paulo, qui parle de signal d'alerte pour la présidente Dilma Rousseff. « Les craintes de mouvements sociaux vont ressurgir », écrit le journal, qui rappelle que la campagne électorale pour l'élection présidentielle d'octobre prochain vient de commencer. L'humiliation de l'équipe brésilienne, imprévisible et brutale, pourrait bien faire basculer l'opinion. Le nom de la présidente a été hué dans le stade de Belo Horizonte, après plusieurs buts de la Mannschaft. Aécio Neves, principal concurrent de Mme Rousseff, en a profité après le match pour déclarer qu'il partageait « la frustration des Brésiliens ». Et de promettre d’autres victoires à l’avenir.

Jusqu'ici, les mouvements sociaux qui critiquaient le coût du Mondial étaient très minoritaires. Mais déjà, sur les réseaux sociaux, apparaissent des critiques. « On aurait mieux fait de construire des hôpitaux d’abord », peut-on lire par exemple sous une photo postée sur Facebook ce mercredi, ornée du visage du joueur Ronaldo souriant. Une image qui a recueilli, en quelques heures, plus de 50 000 « like ».

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