Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzales
Retraitée depuis 1 ans, Josefina Biteto fait partie des Vénézuéliens concernés par cette hausse du salaire minimum. Installée dans une petite chambre de 6m2, elle dépense déjà deux tiers de sa pension mensuelle, rien que pour payer son loyer.
Visiblement désespérée, elle raconte son quotidien : « 1 000 bolivars de plus, ça ne change rien pour moi. Je suis obligée de travailler au noir. J'ai 2 ou 3 petits boulots. Et puis, je dois vendre mes vêtements. Comment voulez-vous que je sois contente ? J'ai voulu acheter du fromage hier : 250 bolivars. C'est trop et il coûtera encore plus cher la semaine prochaine. Plutôt que d'augmenter le salaire minimum, j'aurai préféré que le gouvernement fixe les prix une bonne fois. »
Cette colère est partagée par Carlos Herrera, chauffeur d'un petit bus à l'Est de la capitale. Car au Venezuela, l'inflation ne cesse d'augmenter : près de 56 % en 2013 et plus 4 % pour le mois de mars dernier. C'est la deuxième fois depuis le début de l'année que le Président augmente le salaire minimum.
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Alors pour lui, cette augmentation du salaire minimum n'est qu'une manoeuvre populiste du gouvernement : « Cette hausse du salaire minimum, c'est pour faire avaler la pilule face à tous les problèmes comme l'inflation. C'est presque une blague : pour acheter une maison par exemple, il faut compter 1 million de bolivars. Alors pour une personne qui gagne un salaire minimum, il lui faudrait 30 ans, sans jamais rien dépenser. C'est tout simplement impossible. »
Cette colère pourrait s'exprimer ce jeudi dans les rues de Caracas à l'appel de l'opposition, même si la mobilisation s'annonce beaucoup plus forte dans les rangs chavistes.