Avec notre envoyé spécial à La Havane, Romain Lemaresquier
Après avoir déposé une gerbe de fleurs devant le monument dédié à José Marti, le père de l’Indépendance cubaine décédé en 1895, sur la place de la Révolution de La Havane, Laurent Fabius a été reçu par son homologue cubain Bruno Rodriguez. A son arrivée au ministère, le chef de la diplomatie française s’est dit ravi d’être le premier Français à réaliser une visite officielle à Cuba depuis plus de 30 ans.
« La France veut renforcer ses liens avec l'ensemble de l'Amérique du Sud, a fait valoir le patron du Quai d'Orsay. Et dans ce cadre, nous avons souhaité que les liens soient resserrés en particulier avec Cuba. C'est vrai que quand on regarde l'histoire, il y a beaucoup de liens entre la France et Cuba. Vous avez rappelé la Révolution française. Et je crois que ce sont des pirates normands qui, au XVIe siècle, sont venus vous envahir. Moi je suis très pacifique ! Mais nous souhaitons justement resserrer ces liens, l'Europe le souhaite aussi, et nous allons pouvoir discuter de tout cela sur le plan économique, culturel, politique, et aussi sur le plan international en général. »
Dialogue prévu avec les Européens les 29 et 30 avril prochains
Pour l’instant, on ne connait pas précisément les sujets qui ont été abordés par les deux ministres, ni durant leur entretien au ministère des Affaires étrangères, ni durant leur déjeuner dans un café emblématique de la capitale. Juste avant le début des entretiens privés, Laurent Fabius avait évoqué des discussions politiques et économiques. Concernant l'économie, les deux hommes ont dû parler de l'ouverture de Cuba, certes lente mais réelle. Ils ont certainement parlé de la dette cubaine avec l'Union européenne, que le club de Paris est en train d'effacer.
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Concernant les discussions politiques, le Venezuela, la Colombie, mais également le trafic de drogue dans les Caraïbes ont été évoqués. On ne sait pas si les deux hommes ont parlé des droits de l'homme, l'un des points qui freinent l'Union européenne pour relancer le dialogue avec La Havane. On sait déjà, en revanche, quand ce dialogue reprendra : normalement, les 29 et 30 avril prochains. Le régime castriste a en effet accepté début mars une proposition de dialogue lancée par l'UE afin de normaliser les relations, en froid depuis dix ans.
« Une relation historique, une amitié de longue date »
Sans faire d'annonce choc, le ministre des Affaires étrangères cubain Bruno Rodriguez a lui aussi insisté sur l'importance des liens entre les deux pays. « C’est une relation historique, une amitié de longue date, a dit le ministre cubain avant son entretien avec Laurent Fabius. La Révolution française a beaucoup influencé le processus d’indépendance de notre pays. Pendant plus d’un siècle, on a eu des relations traditionnelles et de coopération. Aujourd’hui, nous constatons un développement favorable des relations bilatérales et une grande perspective d'avenir. »
Laurent Fabius s'est ensuite rendu à la résidence de l'ambassadeur. Il devait y tenir un discours et y rencontrer le chef de l'Eglise catholique cubaine, le cardinal Jaime Ortega, ainsi que des représentants d'entreprises françaises implantées à Cuba et des membres de la société civile. Avant de repartir à Paris après ce qui restera une visite historique.