Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Cappomaccio
La genèse du scandale qui éclate aujourd’hui date du début des années 2000, lorsque le Sénat a diligenté une enquête sur les méthodes d’interrogatoires controversées de la CIA : simulations de noyade et tortures mentales. Six millions de documents confidentiels ont été examinés par la commission, et d’après la sénatrice Feinstein, la CIA a piraté les ordinateurs des enquêteurs pour faire disparaitre des pièces gênantes du dossier. « Je crains fort que les fouilles de la CIA n’aient violé la séparation des pouvoirs inscrite dans la Constitution des Etats-Unis », affirme la sénatrice.
La meilleure défense étant l’attaque, la CIA réplique en accusant la commission d’être responsable de fuites dans la presse, fuites qui ont mis en danger des agents sur le terrain. Quant à un éventuel piratage des ordinateurs, Michael Brennan, le directeur de la CIA, s’en offusque publiquement : « Concernant ces allégations qui disent que la CIA a piraté les ordinateurs du Sénat, rien n’est plus éloigné de la vérité. Nous ne ferions pas ça ! C’est tout simplement au-delà de la raison ».
Il n’est plus possible de régler le différend dans l’ambiance feutrée du Sénat. Une enquête a été diligentée, et la Maison Blanche, embarrassée, répond qu’elle ne commente pas une investigation en cours.