A la Une : Un an après la mort d’Hugo Chavez, où en est le Venezuela ?

« Le premier anniversaire de la mort du père de la révolution bolivarienne sera commémoré avec beaucoup d'amour par tous les Vénézuéliens et Vénézuéliennes, mais aussi par les citoyens du monde entier qui rendront ainsi hommage à l'œuvre d'Hugo Chavez », annonce le quotidien Correo del Orinoco, proche du pouvoir chaviste.

À Caracas, « le gouvernement honorera la mémoire d'Hugo Chavez à travers un grand défilé civil et militaire auquel la population, mais aussi des dignitaires étrangers sont invités à participer », explique le journal El Informador. « C'est bien la première fois dans l'histoire du Venezuela que le premier anniversaire de la mort d'un président de la République est célébré ainsi », fait remarquer de son côté El Nacional.  

Entre nostalgie et agitation sociale

Ces cérémonies interviennent alors que, depuis plusieurs semaines, le pays est secoué par une vague de contestation. C'est précisément ce que pointent la plupart des journaux des autres pays du continent américain. « Un an après la mort de Chavez, le Venezuela entre nostalgie et agitation sociale », titre par exemple El Financiero au Mexique. « Le culte et la ferveur qui entourent l'image du défunt demeurent intacts », constate le quotidien qui poursuit : « L'image et les paroles de Chavez sont d'ailleurs constamment utilisées par le gouvernement dans ses campagnes aux accents propagandistes. Mais cela n'a pas empêché la vague de protestations organisée ces dernières semaines par des groupes d'opposition, des étudiants et la classe moyenne en général ».

Mais il y a aussi ceux parmi les journaux étrangers qui saluent la mémoire du défunt. À l'instar de La Prensa qui écrit : « La trace laissée par Chavez dans l'histoire du Venezuela ne pourra pas s'effacer. L'héritage de lutte pour la justice sociale, l'équité, l'intégration des secteurs sociaux déplacés et toute son empreinte ne seront jamais perdus. Le Venezuela ne sera plus jamais le même qu'il a été avant l'arrivée de Chavez au pouvoir », estime le journal de Bolivie. Mais l'éditorialiste souligne aussi que « l'actuel président vénézuélien n'arrive pas à la cheville de l'ancien leader de la gauche latino-américaine. Nicolas Maduro n'a pas réussi à trouver sa propre voie à la tête de l'État ».

Même son de cloche dans les colonnes d'El Tiempo en Colombie: « En ce jour du premier anniversaire de la disparition d'Hugo Chavez, il n'y a aucun personnage politique en Amérique latine qui aurait cette capacité de mobilisation qui caractérisait l'ancien président vénézuélien. Mais aujourd'hui son pays est confronté à un dilemme : il y a beaucoup de théorie idéologique, mais très peu de réalisme politique. Et Nicolas Maduro incarne cette absence de réalisme », constate le journal colombien. « L'actuel président a pourtant essayé de copier son mentor et prédécesseur. Mais ses discours sont par moments surréalistes et presque toujours guerriers ».

Polarisation

Pour la presse vénézuélienne qui, rappelons-le, est dans sa grande majorité opposée au régime chaviste, Nicolas Maduro n'est pas le seul coupable de la situation que vit aujourd'hui le Venezuela. Ainsi, El Nacional rappelle que l'extrême polarisation que connait aujourd'hui la société vénézuélienne a bel et bien été initiée par le fondateur du socialisme du XXIe siècle, même si sous Nicolas Maduro, « cette polarisation s'est amplifiée », estime le quotidien.

Le journal Tal Cual explique que « l'effondrement économique dont est victime le Venezuela n'a pas commencé par l'arrivée au pouvoir de l'actuel chef d'État, mais est bien l'héritage laissé par 14 années de Chavisme ». Et enfin El Universal résume le sentiment de cette moitié du peuple vénézuélien qui ne se sent pas représentée aujourd'hui, lors des commémorations de la mort d'Hugo Chavez: « Y'en a marre que le gouvernement veuille mettre Chavez sur le piédestal de l'histoire nationale et même mondiale. La vérité est que nous récoltons aujourd'hui dans les rues la haine qui a été semée durant les 14 dernières années. Et cette haine se traduit par la répression, la détention et même la mort de manifestants pacifiques ». Et El Universal de conclure : « Le Venezuela n'a rien à célébrer ni à commémorer aujourd'hui ».

 

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