Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Sur Florida, la célèbre rue piétonne du centre de Buenos Aires, on propose toujours, au vu et au su de tout le monde, le dollar à 12 pesos. C’est la face visible d’un marché des changes illégal qui mène à des agences dont l’activité déclarée sont les placements financiers ou le commerce extérieur. Pourtant, ce lundi, le gouvernement argentin était censé porter un coup au marché parallèle en autorisant l’achat de dollars au cours officiel de 8 pesos. Federico a essayé : « Je suis allé à plusieurs maisons de change, on ne m’a pas donné des dollars parce qu’il n’y a pas de dispositions officielles. Personne ne sait comment faire. Je crois que même le gouvernement ne le sait pas ».
« Il faut épargner en dollar »
Les dispositions officielles ont été connues en milieu de journée. L’achat, limité à 20% du salaire et avec un plafond de 2 000 dollars par mois, doit se faire par virement bancaire. Noemí ne le sait pas encore. Billets en main, elle tente sa chance après un premier échec : « Nous faisons la queue ici, au Banco Nación, pour voir si on peut acheter des dollars. Nous venons de la banque HSBC où on nous a dit que ce n’était pas possible. S’il le faut, nous reviendrons demain pour essayer d’en acheter. Le peso se dévalue, les prix montent, alors, il faut épargner en dollars ! »
« Pas les particuliers qui font bouger le marché »
Dans quelques jours, le système devrait fonctionner. Cela changera-t-il quelque chose ? José, cadre d’une banque, ne le croit pas : « On a autorisé l’achat jusqu’à 2 000 dollars par mois pour les personnes physiques. Alors, les gens vont essayer d’en acheter. Mais de toute facon, ce ne sont pas les particuliers qui font bouger le marché ». Deux mille dollars par mois, pour quelqu’un qui veut se protéger d’une inflation de 30% par an, ce n’est rien. Le marché parallèle a de beaux jours devant lui.