Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Le président Michel Martelly avait invité tous les anciens chefs d’Etat du pays à participer aux commémorations de l’indépendance, un choix politique motivé officiellement par le désir d’unité nationale. Seuls, Prosper Avril au pouvoir entre 1988 et 1990 et Jean-Claude Duvalier (1971-1986) ont répondu présents. Et voir Baby-Doc, l’ancien dictateur, à la tribune officielle, a choqué les membres de la société civile.
Posture négationniste dénoncée
Danièle Magloire travaille avec les victimes qui ont porté plainte pour crimes contre l’humanité et elle dénonce cette posture négationniste du pouvoir actuel : « Sous prétexte d’unité, on peut faire l’impasse sur la morale politique : [on accueille] un dictateur, quelqu’un qui est responsable d’avoir détruit la vie de beaucoup de jeunes, avoir détruit l’économie d’un pays. Comme il a été en poste, tout se vaut. C’est dérangeant de faire semblant qu’il n’y ait pas de problèmes à ce que tous les chefs d’Etat, du moment qu’ils ont occupé le poste, soient présents. [Et que] le contenu de votre mandat, ce que vous avez fait, vos actes n’auraient aucune importance. »
Poursuites judiciaires
Plusieurs plaintes ont été déposées contre Jean-Claude Duvalier pour crimes financiers et crimes contre l’humanité, mais la justice fait traîner le dossier. La décision de la Cour d’appel pour dire si oui ou non ces plaintes sont recevables est en suspens depuis le mois de juin.