« Rarement le résultat d’un second tour aura été aussi clairement prévisible », notait le politologue chilien Adolfo Ibañez Cristobal Bellolio, deux jours avant que ses compatriotes ne se rendent aux urnes. Michelle Bachelet devrait en effet logiquement l'emporter, elle qui n’a raté que de quatre petits points son élection dès le premier tour, en remportant 46 % des suffrages, contre 25 % pour son adversaire.
Ce médecin de formation, qui avait déjà été à la tête de l’État chilien entre 2006 et 2010, doit donc passer par un second tour ce dimanche pour accéder pour la deuxième fois à La Moneda, le palais présidentiel de Santiago du Chili. Son adversaire, la candidate de la coalition de droite Evelyn Matthei, sait son combat perdu d’avance.
Michelle Bachelet peut en effet compter sur un programme à la fois innovant et rassembleur : révision de la Constitution héritée de la dictature d’Augusto Pinochet, réforme fiscale, réforme de l’éducation, légalisation de l’avortement. Un programme qu’une majorité de Chiliens réclament depuis des années.
Seule ombre au tableau pour ce premier scrutin présidentiel depuis que le vote n’est plus obligatoire au Chili : l’abstention. Son taux a dépassé les 50% au premier tour et la victoire annoncée de Michelle Bachelet pourrait accentuer cette tendance ce dimanche. Une victoire qui s'annonce écrasante, mais qui serait affaiblie si l'électorat de droite déserte les urnes.
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Quelles chances pour Matthei ?
Patricio Navia, analyste politique
« À mon avis, il existe deux scénarios qui pourraient permettre à Evelyn Matthei de gagner : d'abord que très peu de gens votent. Si moins de 4 millions de personnes vont voter, elle aurait une chance. Mais ça voudrait dire à peine 30 % de l’électorat. Pourquoi ? Parce qu’en général, les gens les plus aisés, qui sont les partisans de Matthei, vont davantage voter et Matthei devrait avoir 2 millions de voix. Il est très improbable que ça arrive, mais si c’est le cas, elle pourrait avoir une chance.
Le deuxième scénario serait que Matthei réussisse à attirer des gens qui n’ont pas voté au premier tour et qui aillent maintenant voter contre Bachelet. Son discours actuel sur le terrain des valeurs morales va justement dans ce sens : je suis la candidate des conservateurs, des évangéliques, je suis la candidate de la Bible, et Bachelet est la candidate des communistes, de ceux qui veulent le mariage homosexuel, qui est sûrement une des pires choses qui pourraient arriver à la société du point de vue des conservateurs. »