L’expo montre la vie et la carrière de John F. Kennedy: de la jolie maison à Boston où il est né jusqu’à la limousine décapotable dans laquelle il sera assassiné. Votre exposition est-elle au service du mythe JFK?
L’exposition n’est pas là pour promouvoir le mythe. Elle est là pour montrer aux générations qui ont connu John F. Kennedy et à celles qui n’ont pas connu Kennedy que lui et son frère étaient totalement déterminés à changer la société américaine. C’est vrai, on occulte complètement l’aspect de sa vie privée, parce que c’est quelque chose qui ne m’a jamais passionnée [lire aussi : JFK avait lui aussi sa « stagiaire »]. Dans l’exposition, on montre surtout la qualité du travail qu’ils ont accompli pendant ces 1007 jours à la Maison-Blanche. C’est une présence très courte, mais qui a énormément marqué les citoyens américains et le reste du monde.
Beaucoup d’images dans votre exposition semblent être inconnues. On voit, par exemple, JFK en béquilles ou avec Frank Sinatra qui, en hommage à Kennedy, avait rebaptisé sa chanson That Old Jack Magic. Comment avez-vous obtenu ces photos ?
Je travaille beaucoup avec les archives de la bibliothèque de Boston où il y a un fonds iconographique colossal, mais il y a aussi des agences dans le monde qui ont ce genre de photographies. Il faut les chercher et les trouver. J’ai lu énormément sur Kennedy, on parle de 40 000 livres qui ont été édités sur lui. Les photographies de l’exposition ont été choisies, parce qu’elles racontent la petite histoire derrière la grande Histoire. Sur les 225 photos qui sont présentées à Paris, un grand nombre d’entre elles sont totalement inédites en France.
Une des rares photos en couleur dans l’expo montre JFK et Jackie quelques secondes avant l’assassinat à Dallas. Le toit en plexiglas de la voiture a été retiré, car le temps était magnifique. Une autre photo montre Lee Harvey Oswald, le principal suspect de l'assassinat, qui répond avec une tranquillité stupéfiante aux questions des journalistes. 50 ans après l’assassinat, les rumeurs continuent. Aujourd’hui, quelle est votre vérité concernant la tragédie de Dallas ? Votre exposition montre-t-elle de nouveaux détails ?
Il y a juste une seule photographie. La photographie, c’est la caméra d’Abraham Zapruder, ce commerçant de Dallas qui est venu filmer l’arrivée de Kennedy. Je me suis dit : il n’y a qu’un seul type qui a pu filmer l’arrivée de Kennedy à Dallas ? Évidemment non, il y avait d’autres caméras qui ont filmé l'arrivée de JFK. Ces films, j’en suis persuadé, auraient bien montré qu’il y avait des tirs frontaux qui ont lieu à 12h30 quand ils ont atteint le président Kennedy, mais ils ont été détruit au laboratoire Kodak de Dallas. On a dit que c’était une mauvaise manutention de ces films. Du coup, il reste que le film de Zapruder qui, à mon avis, a été raccourci. Il n’a pas été montré au public américain pendant des années. Et si vous regardez attentivement les photos de ce film, une à une, vous verrez bien que le président Kennedy a été touché sur le côté latéral droit de son crâne. Même Clint Hill, le garde du corps, dira aux agents du FBI le soir même : « j’ai vu son cerveau éclater. On a tiré à droite du monticule ». Même cette personne qui était à trois mètres de la voiture a bien vu que le tir venait également d’autres endroits.
Parmi les moments clés dans la vie et la carrière de JFK que vous abordez dans l’exposition, quel est pour vous le moment le plus important ?
J’adore cette photographie de Martin Luther King quand il s’apprête à donner le discours « J’ai fait un rêve », le 28 août 1963. Et quand il rencontre le président Kennedy qui lui dit : « Vous savez, moi aussi j’ai un rêve, mais il va falloir du temps pour que ce rêve se réalise. »
Vous parlez de « John F. le rêve inachevé ». Aujourd’hui, Barack Obama poursuit-il ce rêve ?
Il y avait un article dans le New York Times qui disait : chaque fois qu’un nouveau président américain est élu, la première chose qu’il faisait, c’est de demander à son prédécesseur : qui a tué Kennedy ? Tous les présidents américains ont été fascinés par la mort de Kennedy. Aujourd’hui, Obama ne suit pas les pas de John F. Kennedy, il suit ses propres pas. C’est un personnage totalement différent qui vit une situation totalement différente.
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JFK. 1963-2013, jusqu’au 30 novembre à la galerie Joseph, à Paris.