Avec notre envoyée spéciale et notre correspondant à Rio, Geneviève Delrue et François Cardona
Le pape François a clairement affirmé, dès son élection qu’il voulait une Eglise missionnaire, une Eglise qui aille aux périphéries, à la rencontre du peuple. En se rendant aujourd’hui dans la petite favela de Varginha, le pape argentin renoue avec son récent passé d’archevêque de Buenos Aires lorsqu'il allait visiter les familles des quartiers pauvres de la ville.
Le souverain pontife connaît la force des symboles. Récemment sur l’île italienne de Lampedusa, il a su interpeller le monde sur le drame des migrants qui perdaient la vie en mer. Sa visite dans la petite favela de Varginha aura le même impact.
Dans ce quartier, encore réputé dangereux il y a quelques mois, il s’adressera aux déshérités d’Amérique latine et plus largement à la conscience des sociétés pour plus de justice sociale et moins d’égoïsme. Gangrenée par le trafic de drogue et la violence, cette petite favela du grand quartier de Manguinhos, n’aurait pu recevoir le pape avant sa sécurisation. Le lieu n’a d’ailleurs jamais vu autant de visiteurs et de journalistes. Tous espèrent ici que les récentes améliorations se poursuivront après le départ du pape.
Au chevet des toxicomanes
Hier, le souverain pontife s’est également rendu dans un centre de prise en charge pour les toxicomanes, situé dans la banlieue de Rio de Janeiro. L’hôpital Saint-François d’Assise de la Providence de Dieu accueille plus de 500 toxicomanes et alcooliques en traitement.
Sous une pluie battante, le pape était venu inaugurer 70 lits supplémentaires dans ce « sanctuaire de la souffrance », selon ses propres mots. Car à Rio, les besoins sont énormes. Plus de 600 000 personnes y sont toxicomanes, souvent au crack, un dérivé très toxique de la cocaïne. Le pape François n’a d'ailleurs pas hésité à s’inviter dans le débat sur la légalisation de la drogue.
« Ce n’est pas avec la libéralisation de la consommation des drogues, comme c'est envisagé en plusieurs endroits d’Amérique latine, que l’on arrivera à réduire la toxicomanie », a-t-il martelé.
Un message que le pape renouvèlera certainement ce soir, sur la plage de Copacabana, pour sa première rencontre avec les centaines de milliers de jeunes pèlerins venus participer aux JMJ. Sur la grande plage de Rio, il devrait être accueilli en véritable rock star, en espérant que la pluie et le vent feront une trêve pour ce temps fort des 28e Journées mondiales de la jeunesse.