Après la vague de refus d'asile politique, quels recours pour Edward Snowden?

Un mois après les révélations sur les pratiques d’espionnage de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), la cavale d’Edward Snowden n’en est qu’à son premier chapitre. Ce 2 juillet, l’ancien consultant de la CIA de 29 ans a retiré sa demande d’asile politique en Russie. Tout au long de la journée, les refus émanant de plusieurs gouvernements se sont multipliés, laissant planer le doute sur son sort.

C’est depuis l’aéroport de Cheremetievo, à Moscou, où il est confiné depuis une semaine, qu’Edward Snowden a fait savoir qu’il renonçait à sa demande d’asile formulée au gouvernement russe. Vladimir Poutine avait fait connaître, lundi 1er juillet, les contreparties d’une telle requête : « S’il veut rester ici, la condition c’est qu’il cesse ses activités visant à faire du tort à nos partenaires américains ». En refusant, le « lanceur d’alertes » a réduit sa marge de manœuvre pour échapper à la justice américaine, qui réclame son extradition pour espionnage. Pour couronner le tout, les pays sont de plus en plus nombreux à lui tourner le dos.

En effet, pour certains pays, il est difficile d’envisager l’accueil d'Edward Snowden sans dégrader significativement leurs liens diplomatiques avec Washington. C’est le cas de l’Inde, par exemple, pour qui les relations stratégiques, culturelles et économiques harmonieuses nouées avec les Etats-Unis ont eu raison de la demande du citoyen américain. « Nous avons attentivement examiné la demande. Après examen, nous avons conclu qu’il n’y a aucune raison d’y accéder », a déclaré Syed Akbaruddin, porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, parmi les premiers à réagir. 

Une demande qui se heurte aux procédures légales

En Europe, malgré les méfiances que les dernières révélations du Guardian ont attisées, aucune sympathie pour Edward Snowden n’a pu abattre les barrières du droit international. En Autriche, les autorités ont confirmé qu’une réponse positive n’était pas envisageable. L’Espagne a, quant à elle, soutenu que la demande n’était pas « fondée juridiquement », selon les propos de José Manuel Garcia Margallo, ministre des Affaires étrangères. Plus catégorique encore, le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski a affirmé, à travers son compte Twitter : « Une demande qui ne respecte pas les conditions officielles d’une demande d’asile est arrivée. Et même si elle les respectait, je ne lui donnerais pas de recommandation positive ». 

D’autres pays, comme la Finlande, la Norvège, l’Italie ou encore l’Islande et l’Allemagne, ont rétorqué que le requérant doit se trouver dans le territoire national au moment de la demande pour que celle-ci puisse être examinée. Le ministre allemand de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich, a souligné ne « pas pouvoir imaginer » qu’elle puisse être prise en compte. En effet, Edward Snowden avait déposé sa demande, invoquant des raisons humanitaires, raisons qui se heurtent dans la procédure au fait que les Etats-Unis soient un pays démocratique. 

L’étau se resserre également de l’autre côté de l’Atlantique. Parmi les gouvernements qui semblaient initialement acquis à la cause de l’informaticien, certains ont fait marche arrière. Le Brésil a fait savoir que la demande n’aurait pas de réponse. Le président équatorien Rafael Correa, qui avait accordé l'asile à Julian Assange dans son ambassade à Londres, a affirmé ce lundi que la demande d'Edward Snowden ne pouvait être instruite que si le requérant rejoignait l’ambassade à Moscou. Cette réponse est survenue deux jours après qu’il ait reçu un appel du vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, le priant de refuser une telle requête. 

Des alliés peu certains

Edward Snowden voit ses possibilités maigrir mais compte toujours sur le soutien du Venezuela, de la Bolivie et de la Chine… Du moins, si sa demande leur parvient. En effet, aucun n’a officiellement reçu de demande. Le président bolivien Evo Morales a exprimé son appui modérément en annonçant à la chaîne de télévision Russia Today que « s’il y avait une demande, nous serions bien sûr prêts à en débattre et à prendre en considération cette idée ». Nicolas Maduro, son homologue vénézuelien, avait auparavant affirmé qu’il donnerait « certainement » l’asile politique car le consultant « mérite d’être protégé par le droit humanitaire international ». Pourtant, il n’est pas dit que le « lanceur d’alerte » se sentira véritablement à l’aise dans un pays où la liberté d’expression apparaît comme bancale : début juin, l’unique chaîne de télévision d’opposition a été rachetée par un banquier proche du chavisme. 

Même cas de figure pour la Chine, dont le ministère des Affaires étrangères n’a pas confirmé avoir reçu une demande d’asile. Alors que le citoyen américain se trouvait encore à Hong Kong, Pékin avait fait connaître ses positions à travers le Global Times, l’organe officiel du Parti, en affirmant qu’ « extrader Snowden aux Etats-Unis ne serait pas seulement une trahison de la confiance de Snowden, mais aussi une déception des attentes dans le monde entier ». 

En attendant, Edward Snowden sillonne les couloirs de la zone de transit moscovite. Impossible pour lui de rejoindre les ambassades européennes ou latino-américaines situés à quelques kilomètres seulement : les Etats-Unis ont annulé son passeport.

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