Quand Radio-Canada tente de changer de nom

Les internautes québécois se paient la tête de leurs stations de télé et radio publiques Radio-Canada. Cette dernière a décidé, il y a une dizaine de jours, de changer de nom. La direction du service francophone a choisi le mot ICI en lieu et place de Radio-Canada pour une partie de ses plates-formes et stations.

La décision, gardée secrète jusqu’au dévoilement de la campagne de promotion, a surpris non seulement le grand public, mais aussi les employés de la station qui ignoraient tout du changement brusque de nom. Selon ces nouvelles directives, les journalistes devraient donc terminer leur reportage radio ou télé en se nommant, puis en ajoutant ICI. Cette signature nouveau genre a inspiré deux animateurs d’une station concurrente, comme bien d’autres citoyens.

Attirer un public plus jeune

Les dirigeants ont expliqué que l’appellation Radio-Canada s’avérait assez confuse. Il faut rappeler que ce diffuseur public comprend plusieurs chaînes de stations de télévision, deux de radio, une plate-forme web. ICI était censé fédérer toutes ces entités différentes et surtout attirer un public plus jeune, séduit par une appellation beaucoup plus courte. Sauf que les auditeurs et le grand public ont très mal pris ce changement. Les commentaires les plus sarcastiques se sont multipliés sur les réseaux sociaux, avec des parodies de marionnettes, des dessins et des expressions détournées. Même le ministre canadien du Patrimoine, dont le ministère finance le diffuseur, s’est ému. Il a demandé à ce qu’on réintroduise le mot Canada dans la signature. Devant une telle unanimité négative, la direction a fait machine arrière. L’appellation Radio-Canada accompagne à nouveau la station de télévision et la radio généralistes. ICI accompagne les autres canaux plus spécialisés.

Une identité très forte, associée à la qualité

La marque Radio-Canada dispose d’une identité très forte, associée à la qualité. Pour les Québécois, ce diffuseur a souvent constitué leur première ouverture sur le monde, sur la culture. Dans les années 1940 ou 1950, les pièces de théâtre créées et jouées à la radio passionnaient les foules, un succès transposé quelques années plus tard à la télévision avec les télés-romans, des feuilletons quotidiens qui s’appuyaient souvent sur le folklore du Québec puis sur l’avènement de la société moderne. Tout cela a façonné en grande partie le Québec d’aujourd’hui. Ce qui explique sans doute que les citoyens aient aussi mal pris un changement d’appellation aussi drastique, en complète rupture avec une histoire de trois quarts de siècle. D’autant plus que Radio-Canada a dépensé des sommes importantes en campagne de promotion, alors même que des coupures dans son budget l’obligent à supprimer plusieurs émissions de qualité. 

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