Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
L’affaire Snowden est une aubaine pour Pékin. Voilà des années que la Chine tend un miroir aux Américains quand ces derniers l’accusent de piratage informatique. Cette fois-ci, c’est un ancien employé des services secrets américains qui se charge du message.
Le contre-espionnage américain a eu accès aux communications de centaines de milliers d’ordinateurs, parmi lesquels de très nombreux sont en Chine, a affirmé mercredi l’ex- consultant de la NSA au South China Morning Post. Ce quotidien est tenu par un milliardaire de Hong Kong, la ville où il a trouvé refuge depuis le 20 mai dernier.
Où se trouve Snowden ? Va t-il demander asile ? Que va faire Pékin ?
« Je n’ai aucune information à fournir » a répondu à chaque fois Madame Hua Chunying, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères au cours d’un point de presse régulier. Car si les informations de Snowden constituent une aubaine pour les services chinois, à long terme la présence de la « taupe » de la NSA à Hong Kong pourrait se révéler embarrassante pour la diplomatie chinoise.
Les révélations sur ce vaste programme américain d’espionnage de l’internet sont tombées en effet en plein sommet sino-américain et risquent de fragiliser les nouvelles relations entre Barack Obama et Xi Jinping. Comme la Maison Blanche, le régime communisme se refuse donc à tout commentaire. Ce qui n’est pas le cas des réseaux sociaux Sina Weibo, Sohu et Tencent ainsi que des journaux anglophones qui font leurs manchettes sur l’affaire. Ces révélations vont « immanquablement ternir l’image de Washington à l’étranger et mettre à l’épreuve les relations entre la Chine et les Etats-Unis » commente ainsi le China Daily dans son édition du jour.