Un publicitaire brésilien veut concurrencer Facebook

Avec 90 000 visites par jour et 1 million d'abonnés, la page Mirtesnet devient culte parmi les internautes brésiliens. Son créateur, le publicitaire Carlos Henrique do Nascimento, rêve de devenir, d'ici la fin de l'année, le nouveau «Mark Zuckerberg des tropiques». 

Carlos Henrique do Nascimento, publicitaire brésilien de 35 ans, menait une vie paisible au District Fédéral, banlieue de la capitale fédérale Brasília, et ne voulait pas que son fils de 8 ans s'inscrive sur Facebook. Il trouvait le contenu inadapté pour les enfants, et difficilement gérable par les parents.

Comment sortir de cette impasse quand tous les copains de son fils utilisent Facebook ? Créer son propre réseau et les inviter à y participer. D'où l'idée de Mirtesnet, une page réservée à sa famille et ses amis, restée privée pendant trois ans. Le nom, d'ailleurs, a raconté M. Nascimento au magazine brésilien Epoca, est un hommage à son épouse, Mirtes. « Mon fils ne voulait pas que je mette son nom, Erick », justifie-t-il, amusé.

Mirtesnet comptait déjà un million d'utilisateurs, selon son créateur

Depuis une quinzaine de jours, le réseau made in Brazil a fait le tour du net et est devenu viral. Sur Twitter, des internautes brésiliens ont même mené une campagne pour inciter les gens à y créer un compte. Pari gagné : en l'espace de trois mois, Mirtesnet comptait déjà un million d'utilisateurs, selon son créateur, des dizaines d'articles publiés dans la presse et plus de 8 000 nouvelles inscriptions par jour. De quoi faire rêver.

« Je veux que Mirtesnet devienne le premier réseau social totalement brésilien, et soit également le réseau le plus connu au Brésil. Bientôt, de la même façon qu'au Brésil les gens disent ‘'J'ai un profil sur Face'’ (ndlr.abréviation de Facebook au Brésil), ils diront ‘'J'ai un profil sur Mirtes’' », a déclaré le publicitaire à la presse brésilienne. « C'est juste une question de temps, mais je crois que ça va marcher. Petit à petit, on aura une identité totalement à nous, à la brésilienne», songe-t-il.

Mirtesnet essuie déjà quelques critiques

Victime de son propre succès, Mirtesnet a déjà eu quelques bugs. Le serveur qui héberge le site était en surcharge le 3 avril, et la page d’accueil inaccessible. Un problème vite réglé, mais qui met en évidence les difficultés à venir. Avec un petit budget, et seulement un développeur débutant à ses côtés, M. Nascimento devra gérer le manque de moyens pour que Mirtesnet continue à exister. Pour l'instant, il rentre dans ses frais mais sans faire de profits. « Je n'ai pas d'argent, j'aurai donc besoin d'un sponsor », avoue-t-il.

Dans la presse spécialisée, Mirtesnet essuie déjà quelques critiques. Le site Gizmodo Brésil, auteur d’une enquête en ligne, assure que quelques textes publiés sur le réseau, comme les termes d'utilisation, sont une copie d'Orkut, le réseau créé par Google au début des années 2000 et longtemps le plus populaire dans le pays. Le site conteste aussi le nombre d'utilisateurs, et table sur un chiffre de seulement 32 000 internautes inscrits, bien loin de l'estimation des 1 million d’utilisateurs diffusée par le reste de la presse.

Une certaine fatigue des Brésiliens à l’égard de Facebook?

Le phénomène Mirtesnet montre t-il, à l’image de Twitter, une certaine fatigue des Brésiliens à l’égard de Facebook? Pas pour l'instant, assure Marcus Cardoso, directeur de planification de l'agence Ogilvy & Mather Brésil. Selon lui, dans un monde ultra connecté, les internautes ont de plus en plus la nécessité de faire coexister ce qui est local et global. « On ne peut pas dire pour l'instant que les Brésiliens sont fatigués de Facebook, il est trop tôt. Mais tous les réseaux deviennent très populaires pour ensuite connaître une chute : c'étaient comme ça avec Friendster, Myspace, Orkut, Flickr et même Twitter », explique-t-il. En attendant, Mark Zuckerberg continue à régner dans le pays, le deuxième en nombre d'utilisateurs sur Facebook avec plus de 60 millions d'internautes inscrits.

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