Les Péruviens fêtent leur Dakar

Pour la cinquième année consécutive, le Dakar aura de nouveau lieu en Amérique latine. Au programme : un démarrage du Pérou, un passage en Argentine et une arrivée au Chili. A Lima, tout est prêt pour le départ des 459 concurrents, prévu ce samedi 5 janvier. Un spectacle qui devrait attirer les foules et propulser le Pérou sur les écrans du monde entier.

Son bébé dans les bras, Tulio Guevara a les yeux fixés sur l’écran géant du «Village Dakar», visiblement impressionné par les images de motos et camions qui déferlent au milieu d’un immense désert. Un peu plus loin, sont exposés des dizaines de véhicules. «Je n’avais pas pu voir arriver les voitures l’an passé car je travaillais, je ne voulais pas les rater cette année», raconte le jeune homme. Comme de nombreux visiteurs, il avoue ne pas être un spécialiste des sports automobiles mais ne cache pas sa fierté de voir un tel événement organisé à Lima. «C’est une opportunité pour le monde entier de connaître notre pays», sourit le père de famille.

C’est la deuxième fois que le Pérou reçoit le Dakar. En 2012, les pilotes avaient terminé leur épopée dans la capitale péruvienne. Cette année, ils en partent. Le départ est prévu ce samedi 5 janvier, sur la plage de Chorillos, avant que le convoi ne fasse route vers le sud du pays. «Nous espérons qu’au Pérou, plus d’un million de personnes iront voir le Dakar», détaille Jose Luis Silva, le ministre du Commerce extérieur et du Tourisme.

L’an passé, le rallye avait pris les Péruviens par surprise. Alors peu connu dans le pays andin, le Dakar avait malgré tout attiré une grande foule de spectateurs venus applaudir les compétiteurs. Cette fois, les autorités ont tout mis en œuvre pour faire du Dakar une fête populaire. Installé en bord de mer, le «Village Dakar» accueille depuis mercredi des milliers de spectateurs souhaitant voir les pilotes et engins de plus près. Pour la première fois, il est en outre possible d’assister aux vérifications techniques des véhicules.

Une exposition médiatique de premier ordre

Le gouvernement péruvien a aussi pris la mesure de l’enjeu. Mercredi 2 janvier, rien de moins que trois ministres et le président de la République se sont rendu au Village Dakar pour inaugurer l’endroit. «Nous attendons beaucoup de l’exposition médiatique mondiale que l’on va avoir grâce à la compétition», reconnaît M. Silva qui compte profiter du rallye pour «montrer au monde que le Pérou est un pays d’accueil très affectueux envers les touristes».

Selon les organisateurs, le Dakar est diffusé dans 190 pays et suivi chaque année par plus d’un milliard de personnes. Des retombées médiatiques évaluées à quelque 500 millions de dollars. «C’est le prix que coûterait une campagne publicitaire similaire», calcule le directeur de la Chambre nationale de tourisme (Canatur) Carlos Canales, selon qui le Dakar a déjà généré 75 millions de dollars dans la seule ville de Lima. Ce montant devrait être multiplié par trois avec l’apport des villes du sud du pays que traversera le rallye.

Le patrimoine archéologique ne sera pas mis en danger assurent les autorités

Pour l’industrie touristique, le Dakar est l’occasion de montrer au monde entier que le Pérou ne se réduit pas au seul sanctuaire inca du Machu Picchu. «Le Pérou n’est pas qu’un pays andin, les deux tiers de son territoire se situent en Amazonie et nous avons une côte de 2500 kilomètres de long baignée par l’océan Pacifique», souligne Carlos Canales.

La majeure partie des cinq étapes péruviennes aura lieu dans le désert. Des zones aussi connues pour héberger de nombreux vestiges archéologiques et paléontologiques. «La région Ica (au sud du Pérou) est une des zones de dépôt de fossiles les plus grandes du monde», rappelle Carlos Vildoso, le directeur de l’Institut péruvien des études en paléo-vertébrés, qui estime toutefois que le Dakar ne mettra pas en danger la zone. «Il n’y a aucune possibilité que la course affecte les fossiles», juge le chercheur qui a travaillé avec les organisateurs et le ministère de la Culture. «Le gouvernement a participé au tracé du parcours du Dakar et nous faisons des vérifications sur le terrain depuis six mois afin que la protection du patrimoine soit garantie», insiste le directeur d’Archéologie du ministère de la Culture, Luis Caceres. Face à la vulnérabilité de certaines zones, les autorités locales assurent ainsi avoir tout mis en œuvre pour protéger l’environnement comme les biens culturels.

«Il est toutefois possible que le public qui se présente avant la course interfère dans la zone où sont les fossiles», craint Carlos Vildoso. Pour éviter tout dommage, des mesures ont été prises : «une signalisation adéquate a été installée, tandis que la police patrouillera pour empêcher l’accès aux sites en question», a assuré le chercheur, jeudi 3 janvier lors d’une nouvelle conférence de presse visant à convaincre de la bonne volonté des organisateurs qui se sont engagés à réaliser des inspections sur le terrain pendant mais aussi après chacune des quatorze étapes.

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