Affaire Petraeus : le commandant de l'Otan en Afghanistan impliqué à son tour dans le scandale

Aux Etats-Unis, l'affaire Petraeus n’en finit plus de faire des vagues. Après la démission vendredi, suite à la révélation d’une relation extraconjugale, du patron de la CIA (par ailleurs ancien commandant de l'Isaf, la Force internationale d'assistance et de sécurité en Afghanistan), on apprend ce mardi 13 novembre que son successeur à l'Isaf, le général John Allen, est lui aussi impliqué dans ce scandale qui tourne à l'affaire d'Etat. Il devait prochainement prendre le commandement suprême des forces alliées en Europe (Saceur), mais sa nomination est suspendue. Barack Obama doit tenir une conférence de presse à la Maison Blanche ce mercredi.

L’affaire Petraeus continue de défrayer la chronique aux Etats-Unis et au-delà. Lors de leur enquête, les policiers du FBI ont découvert 30 000 pages de correspondance entre le général John Allen - successeur de David Petraeus à la tête des forces de l’Otan en Afghanistan - et Jill Kelley. Cette femme mariée, amie du couple Petraeus, était suspectée par Paula Broadwell, biographe et maîtresse du patron de la CIA, d’avoir voulu la supplanter dans le cœur de celui-ci.

Menaces par courriels

Enjointe via courriels par Paula Broadwell de se « tenir à distance » de son amant, Jill Kelley est celle par qui l’affaire Petraeus a réellement éclaté. Craignant la jalousie de sa supposée rivale, c’est elle qui a alerté le FBI et permis du même coup aux enquêteurs de découvrir des échanges de mails intimes entre le général et Paula Broadwell. Désormais, un quatrième personnage est mêlé à cet imbroglio sentimental : le général John Allen lui-même, à qui le FBI reproche à présent d’avoir envoyé des courriels « inappropriés » à Jill Kelley, sans toutefois spécifier la nature exacte de ces courriels.

Dans ce contexte sulfureux, plusieurs élus du Congrès se demandent à présent pourquoi la CIA et la Maison Blanche ont mis tant de temps à les informer à propos d’une enquête ouverte par la police fédérale il y a déjà quatre mois. Pour couronner le tout, l’affaire est en train de rejaillir sur la polémique autour de l'attaque contre le consulat américain de Benghazi, le 11 septembre dernier en Libye.

Paula Broadwell aurait en effet déclaré fin octobre que cette attaque avait eu lieu parce que la CIA détenait des Libyens dans les locaux du consulat, une information que - même si elle était avérée - la biographe de David Petraeus n’était absolument pas censée détenir. Les auditions à huis-clos sur l'attaque de Benghazi démarrent justement aujourd'hui mardi 13 novembre au Congrès, une coïncidence qui, évidemment, tombe on ne peut plus mal. « Ces derniers développements suspendent les plans minutieux que le président Obama avait élaborés pour conduire la politique de sécurité de son second mandat » estime ce mardi le Washington Post dans ses colonnes.

« On se pose vraiment quelques questions sur le fonctionnement intérieur de la CIA », a renchéri ce mardi sur l’antenne de RFI Martin Michelot, coordonnateur de recherches au German Marshall Fund à Paris. « Et je pense, a-t-il poursuivi, que ce sont des questions que les politiciens américains sont tous en train de se poser en ce moment, surtout le président Obama qui est embarrassé par cette affaire une semaine seulement après sa réélection. »

Effet de dominos

Alors que les Américains sont inquiets de leur perte d’influence après leurs échecs en Irak et en Afghanistan, voilà que le directeur de la CIA se voit contraint de démissionner, quatorze mois seulement après sa nomination. Et quatre jours plus tard, c’est donc au tour de son successeur en Afghanistan d’être pris dans la tourmente. Tout aussi respecté que David Petraeus, John Allen était en effet celui qui devait mener à bien la transition en Afghanistan alors que les troupes américaines ont commencé leur retrait.

Désormais, c’est le flou le plus total en ce qui le concerne. Le département de la Défense avait annoncé le 10 octobre qu’il entrerait en fonction au printemps, au poste de commandant suprême des forces alliés en Europe (le poste le plus prestigieux de l'Otan). Mais ce mardi 13 novembre, Leon Panetta, secrétaire à la Défense, a annoncé sur ordre de la Maison Blanche qu’il suspendait sa nomination. Et le général Joseph Dunford, numéro deux du corps des Marines, devrait tout de même prendre à sa place à la tête de l'Isaf. Reste désormais à savoir en quoi les 30 000 courriels du général à Jill Kelley étaient « inappropriés », un détail qu’aimerait bien connaître le public américain en général, et la commission du Congrès en particulier.

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