Avec notre correspondant à Caracas, Pierre-Philippe Berson
Les forces de l’ordre ont fait sortir les détenus un à un, ils ont fouillé toutes les cellules. La saisie est édifiante : 56 pistolets, 11 000 balles, 1 kg d’explosif et plusieurs grenades. Le centre de Coro n’est pas une armurerie mais bien une prison.
Le site a pourtant tout de la carte postale : il est situé dans le centre historique de Coro, une jolie ville coloniale au bord de la mer des Caraïbes. Le quartier est même classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
A l’intérieur, difficile d’imaginer pires conditions de vie. Conçue pour 350 personnes, la prison comptait il y a quelques jours encore près de 1 200 détenus, quatre fois plus que prévu. La vieille bâtisse coloniale n’a pas été rénovée depuis 80 ans. Pour Marianela Sanchez de l’Observatoire vénézuélien des prisons, une ONG indépendante, le pire reste la cohabitation entre détenus :
« Tous les détenus sont mélangés. Les petits délinquants sont avec des multirécidivistes. Des jeunes de 17 ou 20 ans, peuvent se retrouver avec des détenus de 30, 40 ou 50 ans, qui n’ont rien à voir avec eux. Nos prisons sont de véritables écoles de la délinquances pour la jeunesse de notre pays. »
Le gouvernement vient de fermer cette prison moyenâgeuse et les détenus sont replacés dans divers sites. Cette décision marque le début d’un vaste chantier : la construction de huit établissements pénitentiaires dans tout le pays. Les besoins sont immenses : il y a eu plus de 500 morts l’an dernier dans les prisons du Venezuela.