Associé au monde du sport et des performances, le marché des boissons énergisantes est en plein boum. Juste en France, en un an, ce sont 30 millions de litres de boissons comme le Red Bull, Burn ou Monster qui ont été vendues dans les grandes surfaces. Particulièrement populaires chez les jeunes, c’est la mort d’une adolescente Américaine qui vient rappeler sèchement que ces produits ne sont peut-être pas aussi anodins que veulent le faire croire leurs promoteurs.
Le cœur a lâché
Anaïs Fournier avait 14 ans lorsqu’elle est morte en décembre 2011, après avoir bu deux canettes de 35 cl de Monster Energy. Victime d’une arythmie cardiaque fatale, la jeune Anaïs avait ainsi absorbé en vingt-quatre heures, relève la procédure en cours, 480 mg de caféine, l’équivalent de 14 canettes de Coca-Cola soit cinq fois la dose maximale recommandée. Son cœur a lâché et après six jours de coma, la jeune fille qui souffrait d’un prolapsus de la valve mitrale, est décédée.
Aux Etats-Unis, cinq décès et une crise cardiaque ont été déclarés qui pourraient être en lien avec la consommation de boissons de la marque Monster Beverage, a indiqué l’agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA), mais « rien ne prouve pour le moment qu’il existe une relation de cause à effet avec ce produit », a encore précisé l’agence. Plus cassant, l’industriel Monster Beverage rejette tout éventuelle mise en cause de sa compagnie : « Monster ne croit pas qu’un de ses produits soit, de quelque manière que ce soit, responsable de la mort de Mlle Fournier ».
Pourtant, un rapport publié en 2011 par le ministère de la Santé américain mentionne qu’entre 2004 et 2009 le nombre des admissions en urgence de personnes présentant des troubles liés à la consommation de boissons énergisantes a été multiplié par dix, pour dépasser les 16 000 cas. Les doses importantes de caféine et de sucre contenues dans ces boissons, ainsi que la présence d’excitants comme la taurine, le guarana, le ginseng… suscitent en effet la méfiance des médecins, d’autant plus que les fabricants ciblent agressivement les jeunes comme clientèle. Vendue 1,40 euro, la canette de 25 cl est de fait à la portée du plus grand nombre.
Mélange avec l'alcool : danger
Jusqu’en 2008, en France, seules les boissons énergétiques étaient autorisées. Ces dernières, qui contiennent essentiellement de l’eau, du sucre, des sels minéraux et des vitamines, sont destinées aux sportifs et ne doivent pas être confondues avec les Red Bull et autres Monster.
Les autorités françaises s’étaient montrées longtemps réticentes à autoriser les boissons de type Red Bull, soulignant des « effets neuro-comportementaux indésirables » comme des maux de tête, des troubles de la tension, des palpitations, de l’irritabilité, des tremblements et des… arythmies. Souvent consommées avec de l’alcool, les boissons énergisantes réduisent la sensation d’ébriété avec des conséquences telles que : coma éthylique, accidents de la route, blessures, atteintes sexuelles.
La consommation de ces produits est en hausse : en un an, les ventes ont augmenté de 16 %, un chiffre impressionnant dans un contexte de crise. Au moment où se discute le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, il n’en fallait pas plus pour que des députés manifestent leur volonté, via des amendements, de taxer ce type de boisson à raison de 50 centimes ou 2 euros par litre - le chiffre n’est pas arrêté. Une telle taxe apporterait quelques dizaines de millions d’euros dans les caisses de la Sécurité sociale. Une opportunité que la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a aussitôt approuvée, arguant de l’impact sur la santé des jeunes de ces produits qui sont l’objet d’évaluations.
Les boissons énergisantes sont en effet surveillées en France par l’Institut de veille sanitaire et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Quelque 30 accidents cardiaques (dont deux mortels), crises d’épilepsie ou psychiatriques, trois cas d’accidents vasculaires cérébraux ont ainsi été rapportés aux autorités depuis la mi-2008, date de leur autorisation dans l’Hexagone. Mais le lien avec la consommation d’une boisson énergisante n’a pu être clairement établi, précise l’Anses. Vigilante, elle a d’ailleurs appelé récemment les consommateurs qui « auraient ressenti des effets indésirables » en buvant ces boissons, à le signaler à des professionnels de santé pour qu’ils transmettent l’information à l’agence.