C’est une vraie success story à l’américaine, née pourtant de l’ambition d’un surdoué originaire d’Afrique du Sud : Elon Musk. Créée il y a dix ans à peine par ce diplômé de Stanford - lequel a également fondé Paypal (paiement en ligne) et Tesla Motors (automobiles électriques) - la société SpaceX va marquer une nouvelle étape dans l’histoire spatiale en lançant dans la nuit du dimanche 7 au lundi 8 octobre (décollage prévu à 0h35 TU) sa capsule Dragon vers la Station spatiale internationale (ISS) dans le cadre d’un contrat avec la Nasa.
Première commerciale
Le vol consiste en un aller-retour. D’abord acheminer 450 kg de vivres et d’équipement vers l’ISS où les six membres de l’équipage actuellement en orbite (deux Américains, dont une femme, un Japonais et trois Russes) comptent mener à bien plus d'une centaine d’expériences scientifiques. Et ensuite ramener sur Terre plus de 500 kg de matériel. Bref, Dragon est ni plus ni moins un transporteur de fret spatial qui a la particularité d’être la première entreprise privée de ce type, puisque la Nasa, orpheline de sa navette, préfère désormais sous-traiter ce genre de travail.
En tout, la mission doit durer vingt jours, le retour sur Terre devant se faire le 28 octobre dans le Pacifique, au large des côtes californiennes. « Le lancement de dimanche marque véritablement le début des vols commerciaux transportant du fret vers la Station spatiale internationale », s'est félicité, lors d’une conférence de presse, Charles Bolden, le patron de la Nasa. « Je voudrais rappeler qu’il s’agira seulement de la deuxième fois que nous tentons d’aller à l’ISS et il y a certainement un risque que quelque chose ne fonctionne pas », a tempéré Elon Musk.
Un vol tous les trimestres
Lancé depuis la base de Cap Canaveral en Floride par la fusée Falcon9, la capsule doit se détacher du deuxième étage de la fusée dix minutes après le décollage et atteindre alors l’orbite terrestre. Après quoi, Dragon et ses 6 tonnes déploiera ses deux antennes solaires et s’arrimera mercredi à l’ISS grâce au bras robotisé de la station, manœuvré de l’intérieur par les membres de l’équipage. Ce vol sera le premier d’un programme qui compte douze allers-retours au total, à raison d’un par trimestre jusqu’en 2015 pour un contrat global d'1,6 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros).
Après 2015, SpaceX entend bien passer au stade supérieur en lançant des vols habités, sachant que les Etats-Unis sont pour le moment dépendants des Soyouz russes pour expédier leurs astronautes dans l’espace. Déterminé à devenir un acteur majeur dans tout le secteur, SpaceX vient d’obtenir un contrat pour le lancement de quatre satellites passé avec la société luxembourgeoise SES S.A. (deuxième opérateur mondial), pour des coûts de 20% inférieurs à ceux pratiqués par Arianespace. Toujours leader mondial dans ce domaine, l’opérateur franco-européen risque de voir les concurrents se multiplier dans la prochaine décennie.