De notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Cinquante ans de prison, c'est la peine maximale pour l'ancien chef de la junte argentine, Jorge Videla. Si d’autres condamnations ont suscité des réactions mitigées, la sentence a été bien accueillie par les victimes et leurs familles. Les juges ont considéré qu’il y avait bien eu un plan systématique de vol de bébés nés durant la captivité de leurs mères sous la dictature, comme le demandaient le ministère public et les parties civiles.
Pour Rosa Roisemblit, vice-présidente des grands-mères de la place de Mai, c’est un aboutissement. « Nous n’avions jamais imaginé que nous arriverions un jour à ce résultat, obtenu après tant d’années, où il a été prouvé que nous avions raison et qu’il y avait bien un plan systématique de séquestration de nos petits-enfants. »
Victoria Monténégro, un des 105 anciens bébés volés qui ont pu récupérer leur identité, parle de réparation. « C’est une sensation réparatrice. Que la justice se prononce et que l’on appelle enfin les choses par leur nom, c’est très important. Beaucoup de gens vont enfin comprendre qu’il n’y a pas d’acte d’amour dans une appropriation. Et cela nous aidera à retrouver les frères qui nous manquent. »
Ce qui frappe, c’est l’absence de haine. Grands-mères, mères de disparus, petits-enfants identifiés, ont attendu plus de trente ans pour que justice soit faite sans jamais s’en prendre directement à leurs bourreaux.