Avec notre coresspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Les condoléances continuent d’affluer sur le compte microblog de la victime. On compte ce mardi 5 juin 31 620 commentaires à son dernier message posté le 16 mai dernier.
Comme de nombreux chinois, Lin Jun disposait d’un compte sur la plateforme Sinaweibo où il s’était refait une vie sous le pseudonyme « Justin le vilain », où il avait aussi, chose très rare en Chine, fait son coming out.
Lin Jun était homosexuel et connaissait son assassin. « Je ne sais pas qui tu étais, mais je suis très triste pour toi, repose en paix », écrit un anonyme cité par le quotidien Changjiang Ribao. Des réactions qui sortent du voyeurisme malsain des premiers jours avec certains internautes se vantant d’avoir vu la vidéo du crime filmé par le tueur.
Le 22 avril dernier, Lin Jun avait posté une photo du métro de Montréal, une rame vide avec ces mots : « Le train cannibale de minuit ». Là encore, la page est inondée de petites bougies, l’icône numérique du deuil sur le web chinois.
Tous ses camarades de l’Université de Wuhan dont il est sorti diplômé en informatique en 2001 témoignent aujourd’hui sur le « bon copain » qu’il était. Un élève « pas comme les autres » qui aimait les sorties culturelles, le chant et la guitare.
Un garçon gentil, c’est encore ce que dit son oncle, qui envoyait régulièrement des cadeaux et de l’argent à sa famille pauvre du Hubei. Lin Jun avait ainsi invité ses parents à Pékin lorsqu’il est monté à la capitale.
Son père et sa mère sont aujourd'hui divorcés, ils ont fait faire lundi leur premier passeport pour sortir du pays, en urgence, afin de déposer une demande de visa pour le Canada où ils devraient se rendre dans les prochains jours, accompagnés de la sœur de la victime.