Aujourd’hui, le mouvement célèbre son 100e jour de mobilisation. Rendez-vous est pris sur la place des festivals dans le centre de Montréal à 14h, mais cette fois les étudiants seront rejoints par les syndicats et les associations de défense des droits civiques.
Loin de l’affaiblir, la loi 78 renforce le mécontentement
Tous protestent contre la loi 78, cette loi spéciale votée vendredi par le gouvernement qui contraint à déclarer le parcours des manifestations huit heures à l’avance et interdit les rassemblements bloquant l’accès aux établissements scolaires. Les organisateurs s’exposent désormais à une amende de 25 000 à 125 000 dollars. Les manifestants risquent eux entre 1 000 et 5 000 dollars.
Les associations étudiantes dénoncent donc « une criminalisation du droit de manifester » et appellent à la désobéissance civique. Le syndicat la Classe (Coalition large de l'association pour une solidarité syndicale étudiante) a pris la tête de la fronde. Un recours contre le texte doit être déposé prochainement devant les tribunaux. « Si obéir à cette loi (spéciale) injuste équivaut à renoncer à nos droits, nous ne le ferons pas », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois, l'un des porte-parole du syndicat. « Si ces pratiques nous valent des poursuites pénales, nous ferons face à ces poursuites ». Le syndicat a également lancé un site internet en forme de pétition où il invite les internautes à publier leur photo avec la mention « je désobéis à la loi 78 ».
Les syndicats étudiants engagent le bras de fer politique
Les représentants étudiants déclarent avoir refusé de transmettre aux forces de l'ordre l'itinéraire de la manifestation qui se tiendra cet après-midi, même si elle est prévue de longue date. Si c’est le cas, la marche sera donc illégale, comme toutes celles qui se sont tenues depuis vendredi dernier. Dimanche soir, de violents affrontements entre étudiants et policiers ont fait une dizaine de blessés dont un grave. Trois cents personnes ont été interpellées. La photo d’un manifestant blessé au visage et des vidéos montrant des policiers arrosant les manifestants de gaz lacrymogènes ont fait le tour des réseaux sociaux, élément indispensable des mobilisations. Sur Twitter, les manifestants battent le rappel grâce au hashtag.
Vers un fléchissement des autorités ?
Lundi, la tension entre les forces de l'ordre et les manifestants était retombée : 3 000 personnes ont défilé sans incident majeur lors de la 28ème manifestation nocturne. La police de Montréal a d’ailleurs déclaré sur son compte Twitter : « Pour le moment, la manifestation semble pacifique et calme, donc tolérée ». Les autorités pourraient être contraintes d’infléchir leur position devant un mouvement qui trouve désormais un écho au-delà du Canada.
Dans la droite ligne des mouvements de protestation citoyenne
Lundi après-midi, les étudiants ont reçu le soutien du collectif de hackers Anonymous qui a lancé l’ « Opération Québec ». Les pirates informatiques ont bloqué une douzaine de sites internet du gouvernement dont ceux des ministères de l'Education et de la Sécurité publique de la province. Le mouvement de protestation citoyenne Occupy Wall Street à New York relaie également les mobilisations québécoises. En France, un rassemblement de soutien est prévu à 18h à Paris.