La profanation du Coran assombrit les perspectives de stabilisation de l'Afghanistan

Les manifestations sanglantes se poursuivent dans plusieurs régions d'Afghanistan après l'incinération d'un Coran sur la base américaine de Bagram. Cette nouvelle affaire suscite l'incompréhension en Afghanistan, et l'embarras aux Etats-Unis. Surtout, elle tombe très mal, alors que le pays peine à se stabiliser,  à deux ans du retrait programmé des troupes de l'OTAN.

Les précédents d'affaires de profanation qui ont soulevé la violence dans les pays musulmans, ne manquent pas. En janvier encore, une vidéo montrait des soldats américains en train d'uriner sur des cadavres, et l’année dernière, l'autodafé d'un exemplaire du Coran, en Floride à l'initiative d'un pasteur évangélique illuminé, avait enflammé la rue afghane.

Ce sont là « des blessures auto-infligées », se désole le New York Times, qui s'inquiète que ce nouvel acte perçu comme blasphématoire envers l'Islam autorise « les extrémistes à souffler sur les braises de l'antiaméricanisme, et rende encore plus incroyablement difficile l'effort de stabilisation en Afghanistan ».

Surtout, il survient sans doute au moment où l'OTAN aurait le plus besoin d'un climat local de confiance pour boucler sa mission. Cette guerre coûte aux Etats-Unis quelques 120 milliards de dollars par an depuis que Barack Obama a privilégié le front afghan.

Les soldats américains, aujourd'hui au nombre de 90 000, sont depuis plus de dix ans en Afghanistan, mais cet enracinement n'a pas mis fin aux bavures et aux erreurs de jugement. Or l'un des objectifs majeurs de la hiérarchie militaire est de former l'armée locale, alors qu'est programmée pour 2013, un an avant le retrait total, la fin des opérations de combat. Mais les éléments les plus fanatisés de cette armée n'hésitent à retourner leurs armes contre leurs formateurs, comme l’a encore fait en janvier un soldat contre des militaires français.

 

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