Avec notre correspondant à Mexico, Patrice Gouy
Des milliers de Mexicains ont répondu au poète Javier Sicilia qui mène depuis plus de six mois la marche pour la paix et la justice. Ils se sont rendus au pied de l’Ange de l’Indépendance avec une bougie pour apporter une étincelle dans l’obscurité. Une veillée pour la paix en mémoire aux 50 000 personnes assassinées depuis cinq ans.
Rendre hommage à ces morts, souvent victimes collatérales de combats qui ne les concernaient pas, est une façon de les sortir de l’anonymat : c’est leur donner un nom, une histoire et rencontrer leurs familles qui réclament une justice que le gouvernement leur nie, comme Rosario Jimenez qui cherche son fils disparu, un matin de juillet, dans l’Etat du Michoacán.
« Pour une mère, imaginez-vous ce que c’est. C’est une vie complètement détruite parce qu’il n’y a plus de jour, plus de nuit, ni chaleur ni froid. La seule chose qu’il me reste c’est la douleur qui me rend forte pour le chercher, pour retrouver ne serait-ce qu’un morceau de lui ».
Une veillée un peu triste mais chaleureuse. Certains sont juste venus saluer, d’autres ont passé la nuit sur les marches à discuter, chanter ou consoler. Un petit groupe a entamé un jeûne collectif pour attirer l’attention du gouvernement et lui dire que tant de morts pour des résultats aussi maigres devraient le convaincre de changer de stratégie.