L’avocat de Nafissatou Diallo résigné
La convocation inattendue de Nafissatou Diallo par le procureur de New York semble marquer un tournant dans l’affaire qui oppose la jeune Guinéenne à l’ex-directeur du FMI, Dominique Strauus-Khan qu’elle accuse de violences sexuelles. Le cours pris par le volet pénal de l’affaire va dorénavant dans le sens d’un arrêt des poursuites. Même l’avocat de la plaignante, Me Kenneth Thompson, semble résigné : « Mon interprétation (...) c'est qu'ils vont annoncer qu'ils classent complètement l'affaire, ou abandonnent certains des chefs d'accusation », a déclaré Me Thompson au New York Times. « S'ils ne s'apprêtaient pas à abandonner les poursuites, ils n'auraient pas besoin de la rencontrer. Ils iraient juste au tribunal le lendemain (comme prévu) et diraient ‘’nous allons poursuivre l'affaire’’ », a-t-il ajouté.
Plus de trois mois après le début de l’enquête et l’arrestation de DSK, le procureur Cyrus Vance Jr semble s’être fait sa religion. La crédibilité de Nafissatou Diallo ayant été entamée, il semble considérer qu’il ne peut plus aller au combat avec des armes suffisamment solides. Les dernières révélations, vendredi 19 août, sur des négociations secrètes entre les avocats des deux parties, à l’initiative des défenseurs de Nafissatou Diallo, de façon à parvenir à un accord financier, sont venues encore ajouter à la confusion.
La justice n’en a pas fini avec DSK
Si le procureur décide finalement de ne retenir qu’un ou une partie des sept chefs d’inculpation, le procès pénal aura lieu, avec jury populaire et unanimité requise pour obtenir une condamnation. Or, Cyrus Vance a maintenant des doutes sur son accusatrice et les éléments dont ils disposent ne seraient pas suffisants pour démontrer la culpabilité de DSK. Si au contraire, Cyrus Vance Jr abandonne, mardi, toutes les charges qui pèsent sur Dominique Strauss-Kahn, celui-ci pourra rentrer en France mais il n’en aura pas fini pour autant avec la justice, ni avec Nafissatou Diallo.
Aux Etats-Unis, d’abord où il fait d’ores et déjà l’objet d’une plainte au civil déposée par les avocats de Nafissatou Diallo le 8 août. Cette action civile s’appuie notamment sur le compte-rendu médico-légal de l’examen subi par la jeune Guinéenne quelques heures après l’agression qu’elle affirme avoir subie à l’hôtel Sofitel de New York le 14 mai dernier. Ce document donne tous les détails de l'agression « violente et sadique » dont elle aurait été victime, et comment M. Strauss-Kahn l'aurait brutalisée, arrachant ses collants, la blessant au vagin et à l'épaule et la contraignant à genoux à une fellation.
En France aussi
Quoique puisse décider le procureur Vance, Douglas Wigdor, l’autre défenseur de Nafissatou Diallo n’en démord pas et maintient détenir « une avalanche de preuves qui démontrent que M. Strauss-Kahn a agressé sexuellement Mme Diallo », déclare-t-il dans un entretien publié dans le JDD, ce dimanche 21 août. Pour lui, « si le procureur fait son travail, il doit poursuivre Dominique Strauss-Kahn ». Mais dans le cas d’abandon des poursuites au pénal, Me Wigdor confirme que les défenseurs de Nafissatou Diallo feront tout pour obtenir réparation au civil.
Mais une fois libre de ses mouvements, Dominique Strauss-Kahn devra encore affronter, en France cette fois, l’affaire Tristane Banon du nom d’une jeune journaliste qui l’accuse, elle aussi, de tentative de viol. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris.
A l’annonce de l’éventualité de l’arrêt des poursuites contre DSK ses proches du Parti socialiste n’ont pas manqué de réagir. Pour Jean-Christophe Cambadélis qui « refuse de spéculer » l’abandon des charges contre DSK « ne serait que justice ». « Il faut être très prudent » nuance François Puponi « mais si la justice américaine (le relaxe) on aura confirmation de ce qu'on pensait et de qu’ on savait », précise le maire de Sarcelles.